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Choonee, un cas parmi d’autres
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Choonee, un cas parmi d’autres
On ne tire pas sur une ambulance. Mookhesswur Choonee est déjà touché après une carrière politique calamiteuse au cours de laquelle il a empilé les scandales. Ainsi, même si beaucoup de Mauriciens n’ont pu se retenir devant le dernier délire raciste de ce personnage, il faut reconnaître que le problème du racisme va au-delà de ce qui s’est passé à d’Epinay dimanche.
Le discours prononcé par le ministre de la Culture devant la «Vaish Welfare Association» n’est qu’une illustration d’une manière de faire qui se généralise en politique. Il faut resituer le débat dans un cadre plus large. Durant les deux ou trois dernières décennies une fraction importante de la classe politique choisit de faire campagne, à chaque élection, rien qu’avec des pseudo-arguments émotionnels. Ces politiciens misent sur l’ethno-politique, pas société, et ont ainsi banalisé le recours au racisme.
Ils fouillent dans les poubelles de l’Histoire, ravivent le souvenir des colons et cherchent à développer le reflexe du vote «noubaniste». Dans ce contexte délétère, ils sont nombreux, les politiciens qui se rabattent sur des harangues sectaires et haineuses pour enfl ammer leurs partisans ou convaincre les indécis. Face à ces dérapages racistes, la police reste bien passive. Disons que pour la police, le terme grossier employé par Rama Sithanen à l’égard de Rashid Imrith est jugé plus grave que les incitations à la haine raciale commises par bien des politiciens.
Qu’a dit Choonee dimanche dernier ? Que Navin Ramgoolam est d’abord le Premier ministre des Vaishs, ensuite celui des hindous, et fi nalement celui du pays. Que les Vaishs ont plus de droits dans ce pays que les autres Mauriciens. Que les Vaishs n’ont rien à craindre parce que c’est leur Premier ministre, leur gouvernement, qui est au pouvoir. Ces propos auraient mérité certes une enquête policière mais souvenons-nous que des actes et discours encore plus consternants ont marqué la dernière campagne électorale et n’ont provoqué aucune action policière.
Citons entre autres les propos tenus par Lormesh Bundhoo, un membre de la direction du PTr, durant la dernière campagne : «Ou anvi donn pouvoir Guimbeau ek Bérenger ? Eski ou anvi retourn kouma ti été avan l’independance, pouvoir avek ban anglais, bann blanc ?» Cet ancien ministre est aujourd’hui PPS. Il n’a pas été inquiété par la police et s’en est sorti grâce à des excuses publiques.
Ce sont précisément des dérives langagières de cette nature qui ont glissé le poison de la haine dans le débat politique. Certains autres politiciens ne se sont pas montrés pas explicitement racistes mais ont tenu des propos avec plein de sous-entendus racistes. Par exemple en parlant de cinq familles qui auraient reçu des «milliards» grâce au Deal Illovo. Pour obscurcir la raison et mieux jouer sur l’émotion, la MBC, elle, a diffusé, pendant les deux jeudis précédant les élections, des films montrant des colons britanniques tyrannisant les Indiens.
On ne peut parler de racisme en politique sans rappeler l’épisode Deva Virahsawmy. Le 21 août 2000, alors que la campagne électorale bat son plein, l’aspirant candidat Deva Virahsawmy, alors ministre des Infrastructures publiques, prononce un discours virulent à Rivière-du-Rempart. «Faudé péna disang dan ou lécor pou donne sa blanc là ministère Finances», s’insurge-t-il avant d’exhorter l’auditoire à voter pour «ou culture, ou religion, ou langage».
Cette inconduite notoire lui vaudra d’être privé d’une investiture mais il sera vite réhabilité. Rapidement devenu secrétaire général du PTr, il sera intronisé «Grand Officer of the order of the Star and Key of the Indian Ocean» en 2008 ? Il assume des fonctions ministérielles depuis mai dernier.
Mookhesswur Choonee a été désavoué par le Premier ministre ? Il fallait faire quelque chose pour sauver les apparences et calmer les esprits. Mais la braise ne fait que couver sous la cendre jusqu’à ce qu’une prochaine campagne vienne attiser le feu. Sauf si les Mauriciens se refusent à subir.
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