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Combats incessants
La démocratie n’est pas un acquis permanent. Il faut sans cesse la défendre. Ainsi, pour contraindre l’Etat à autoriser les journalistes de La Sentinelle à assister aux événements officiels, il a fallu saisir la justice de l’affaire. Si la raison l’a finalement emporté, hier, dans ce cas particulier, le combat pour le droit à l’information n’est pas terminé pour autant. Il y a d’autres batailles à mener. La Sentinelle est actuellement sur plusieurs fronts à la fois.
Il est naturel que la presse indépendante soit en première ligne dans la lutte pour le droit des Mauriciens de s’informer. Mais les députés, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, ont également un rôle à jouer. Ils peuvent, par le biais de l’exercice questionsréponses au parlement obtenir, voire arracher, des informations que les officiels voudront cacher.
On pourra d’ailleurs, dès ce matin, mesurer l’efficacité du Parlement à cet égard. Il faut reconnaître, toutefois, que l’exercice a été relativement décevant au cours de la précédente législature. Deux raisons expliquent cette absence de résultats. D’abord, les députés de l’opposition MMM se sont retenus car il était question de ménager Navin Ramgoolam, alors considéré comme un éventuel allié. Ensuite, il y a la politique de rétention d’information pratiquée par les anciens ministres.
Les procédés utilisés par les ministres pour éluder les questions qui les embarrassent sont classiques. La pirouette la plus connue s’appuie sur un artifice juridique. Elle permet à un ministre de garder le silence sur une compagnie, même quand l’Etat en est le principal actionnaire. Des fonds publics sont concernés, mais le ministre de tutelle peut refuser de répondre aux questions concernant des compagnies telles qu’«Air Mauritius» et «Mauritius Telecom».
«Mr Speaker, Sir, the nature of the present question being put today relates to the day to day management of Air Mauritius Ltd and I do not consider it appropriate to deal with such matters in this House», répliquait, par exemple Xavier Duval à une question qui lui était adressée sous l’ancien gouvernement.
Parfois les ministres s’en sortent en affirmant que les réponses sont en cours d’élaboration. L''ancien député Sam Lauthan en a fait l'expérience. Il demande au Premier ministre de divulguer la liste des conseillers du gouvernement et leurs salaires. «Je vais déposer la réponse», réplique le Premier ministre. Exaspéré par le fait qu’à chaque fois le Premier ministre lui opposait une fin de non-recevoir, il lâche : «Puis-je faire appel au Premier ministre pour qu’il dépose vraiment la liste cette fois ?»
En matière de langue de bois, il est difficile de faire mieux que cet ancien Premier ministre qui lança en direction d’un député trop curieux: «As far as I know, I don’t know.»
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