Le Premier ministre le martèle depuis plusieurs mois: sa priorité, c’est l’économie. En fait, avec la crise, Navin Ramgoolam trouve l’occasion de faire sa mue en homme d’Etat. C’est le paradoxe de la crise. Ce sont les politiques qui parviennent le mieux à créer l’impression d’être un chef qui bénéficient politiquement de cette crise économique mondiale.

C’est le sens qu’on peut donner à la posture de Navin Ramgoolam actuellement. D’où certaines prises de position radicales sur des dossiers sensibles. Comme l’incinérateur de la Chaumière. D’où les louanges qu’il se chante en tant que «capitaine» qui mènera le navire à bon port malgré une mer houleuse.

Certes, les effets de la crise poussent un certain nombre de citoyens à reporter leurs malheurs sur la mauvaise gestion du gouvernement. Mais, à ce chapitre, c’est surtout le ministre des Finances, Rama Sithanen, qui est posé en victime expiatoire. Navin Ramgoolam en fait les frais également, mais à un moindre degré. Sa popularité prend des coups. Cependant, parallèlement, sa stature de Premier ministre est rehaussée. D’autant plus qu’il profite de la division qui règne au sein de l’opposition.

Quoi qu’il advienne, il pourra toujours dire qu’il était là en période de crise et qu’il n’a pas fui ses responsabilités.

Avec cette crise, il a surtout l’opportunité de se débarrasser d’un grand défaut, de cette perception qu’il est un indécis, un homme incapable d’agir dans l’instant. Jusqu’ici, il s’en sort pas mal. Mais il a encore des prouesses à faire.

A terme, seule l’opinion publique pourra le juger. A-t-il tiré profité de la crise politiquement? Ou a-t-il échoué?