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Compétition entre les banques : Peut mieux faire

1 septembre 2010, 11:43

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La Competition Commission of Mauritius (CCM) et la Banque de Maurice ont signé un accord pour un échange d’information dans le but de prévenir des pratiques anti-compétitives dans le secteur bancaire. L’accord entre la Banque centrale et la CCM vise surtout à s’assurer qu’il n’y a pas de duplication des tâches et une duplication de la responsabilité des banques.

A Maurice, on a tendance à remettre en question la compétition entre les banques. Cette suspicion est alimentée par divers éléments. Il y a, en premier lieu, l’étroitesse des offres, qui est elle-même la conséquence de l’étroitesse du marché. Le marché bancaire est dominé par quatre banques, dont deux locales et deux étrangères. La Mauritius Commercial Bank et la State Bank of Mauritius dominent le marché, représentant, à elles seules, près de 70 % des dépôts et du crédit.

Suivent, dans l’ordre, la Barclays Bank et la HSBC. La concentration des activités bancaires est mesurable à travers un indice technique appelé le Herfindahl-Hirschmann Index (HHI). Un indice faible, entre 0 et 1 000, est associé à un marché compétitif, tandis qu’un indice supérieur à 1 800 indique un marché peu compétitif. Au niveau de la concentration des actifs bancaires, il y a eu une amélioration durant ces cinq dernières années, le marché bancaire étant passé d’un statut de «concentration modéré» à celui de «faible concentration», note le rapport sur la stabilité financière de la Banque de Maurice.

Pour ce qui est de la concentration des prêts et des dépôts, la même tendance a été observée. Toutefois, au cours du premier trimestre de 2010, on a noté une légère hausse du HHI. Outre la concentration des activités bancaires, l’opinion a la perception que les banques pratiquent à peu près les mêmes taux d’intérêts à l’emprunt comme à l’épargne. Cette perception n’est pas exacte, dans la mesure où l’on observe, depuis plusieurs années, que les banques rivalisent entre elles pour encourager les emprunts en pratiquant des taux constamment à la baisse.

Certaines banques ont même commencé à offrir des prêts sans que cela ne nécessite une garantie, mais en n’évacuant pas pour autant les normes prudentielles élémentaires. La perception que les banques pratiquent les mêmes taux de change est également erronée. Un coup d’oeil aux taux offerts par les différentes banques du pays quotidiennement suffit pour s’en convaincre. Hier, le taux de change à la vente pour un dollar variait dans une fourchette de Rs 31,87 à la Standard Bank à Rs 32,40 offert par la Mauritius Post Cooperative Bank en passant par Rs 32,10 à la Mauritius Commercial Bank.

Là où le bât blesse davantage, quand on évoque la compétition entre les banques, c’est au niveau des «fees and commissions » et autres frais bancaires. La Banque de Maurice a fait un effort en publiant sur son site les différents frais pratiqués par les diverses banques commerciales du pays. Mais force est de constater que pour le public, cette information n’est pas forcément très pertinente, car elle évoque des services divers et disparates, qui ne sont pas nécessairement comparables entre elles. Dans une banque, le chéquier peut être offert en cadeau pour un compte bien approvisionné, tandis que dans une autre, le chéquier peut être vendu au client, peu importe le montant qu’il a sur son compte. Ce n’est qu’un exemple pour dire qu’on ne peut comparer les divers services offerts entre eux, car ils sont différents.

Le fait troublant, c’est que le montant des «fees and commissions » représente environ 40 % des revenus des banques – un niveau qui est relativement similaires dans les différentes banques. On arguera qu’il est logique que les banques aient les mêmes coûts, car ils font le même métier. Tout comme les embouteilleurs de boissons gazeuses ont approximativement les mêmes coûts.
 

Si Coca-Cola et Pepsi sont sensiblement de la même taille, avec quelques points d’écarts au niveau des parts de marché, tel n’est pas le cas pour le secteur bancaire. Il y a les grandes banques et les petites banques. Plus on a une surface financière importante, plus on devrait être en mesure de limiter les coûts d’échelle. Tel n’est pourtant pas le cas.

 

Stphane SAMINADEN