Nous avons eu droit à une semaine de sensibilisation à la sobriété énergétique. Nous avons compris que le citoyen responsable doit pouvoir montrer, sur sa facture d’électricité, une réduction significative des sommes allouées à l’énergie. Cette même semaine, nous avons appris que notre croissance ne serait que de 3,2 %. Toutefois, quand elle est à la hausse, la sacro-sainte croissance économique entraîne forcément une consommation accrue d’énergie, ce qui contredit la modération suggérée par le Dr Elahee et ses collaborateurs. Dans les conditions actuelles, le développement économique peut-il vraiment être durable ?

Les Européens savent que le maintien dans l’euro implique un seuil — de 3 % — de déficit budgétaire, ils ont l’exemple de la Grèce pour le leur rappeler, mais ils semblent être allergiques au mot austérité. Dans ces conditions, avec une Europe où la baisse de la natalité a été significative, où le pourcentage de personnes âgées est très élevé par rapport au reste du monde, le modèle économique européen auquel Maurice s’est longtemps accroché ne sera bientôt plus viable.

Ceux qui sont abonnés à un bouquet satellitaire français peuvent le constater : aujourd’hui, il y a davantage de publicité pour les plans de retraites et les complémentaires de sécurité sociale que pour les voyages longue distance. Alors que leur sidérurgie est morte, qu’ils ont raté le tournant de l’informatique et de la téléphonie, que leur industrie automobile est menacée, les Européens — et ô combien nos partenaires commerciaux Français — vont devoir réinventer leur économie. Une réinvention qu’il faudra aussi envisager à Maurice.

Il ne s’agit plus de s’apitoyer sur les conséquences de la crise, de geindre et d’atteindre que reviennent des jours plus cléments. Depuis quatre ans déjà, depuis l’effondrement de Lehman Brothers et ses conséquences, nous avons reçu quelques signaux clairs. Ce n’est pas le retour de la croissance — financée par quel argent, s’il vous plaît ? — qu’il nous faut attendre mais plutôt le réveil de l’esprit de création. C’est à l’invention d’un nouveau modèle économique que doivent s’attacher nos meilleures ressources. Et cela pourrait être la plus passionnante aventure intellectuelle offerte à notre époque. Moyennant que le gémissement ne soit pas la nouvelle devise des augures des marchés.