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Corne de brume

14 juillet 2010, 05:42

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Depuis le retour de Rundheersing Bheenick à sa tête, la «Bank of Mauritius» (BoM) fait preuve d’une activité débordante. Le gouverneur a d’abord rencontré toutes les forces vives de l’économie du pays : ministère des Finances, «Mauritius Exporters Association», «Mauritius Employers Federation», «Joint Economic Council» (JEC), associations de consommateurs, «Mauritius Bankers Association», Chambre de commerce et d’industrie... La banque centrale devrait se positionner comme un acteur de la relance de l’activité économique dans le secteur privé. Tout en refusant de baisser les taux, la BoM a ainsi annoncé des mesures ciblées pour le textile, le sucre et le tourisme.

La banque centrale devrait également demander aux banques commerciales de faire un effort en matière de distribution de crédit. En outre, les règlements du «Bank of Mauritius Act» seront appliqués afin d’alléger le fardeau de la dette des entreprises les plus touchées par la crise.

Sur le marché des changes, l’institut d’émission s’est également montré actif. La banque centrale est ainsi intervenue vendredi dernier en rachetant auprès de banques commerciale 11,5 millions de dollars au cours de Rs 31,17 ce qui correspond à Rs 358,45 millions. Selon les cambistes, la banque centrale est intervenue quand elle a constaté que le dollar passait sous la barre des Rs 31. Ce niveau est considéré par beaucoup comme un plateau à partir duquel le billet vert pourrait rebondir. De fait la BoM semble en avoir fait un objectif à défendre. Et même si, le montant de l’intervention n’apparaît pas énorme, il semble que cela ait été suffisant pour stabiliser le marché des changes. Parallèlement, l’institut d’émission a procédé à des ponctions de liquidités sur le marché monétaire local pour éponger l’excédent de roupies. Dernière intervention en date, elle a utilisé l’un de ses guichets, le «reverse repo», hier, pour retirer l’équivalent de 1,4 milliard sur deux semaines rémunéré à un taux de 4,5 %.

Ce dynamisme de la banque centrale tranche nettement avec l’apparente apathie du ministère des Finances. On n’entend le ministre des Finances Pravind Jugnauth que lors des séances de questions au Parlement. Mais là encore on reste sur sa faim car les réponses restent des plus vagues. Et le ministre des Finances répond toujours qu’il faut patienter quand les députés de l’opposition lui demandent quelle va être sa politique économique. Des comités conjoints ont bien été mis en place avec la BoM et le JEC, mais rien n’a encore été annoncé. Et pourtant le temps presse. Les révisions à la baisse de la croissance se suivent à un rythme soutenu et la seconde moitié de l’année s’annonce aussi diffi cile que la première.

De nombreux acteurs économiques et chefs d’entreprise aimeraient bien connaître le cadre d’activité qu’on leur prépare. Car si la politique monétaire relève de la BoM et semble clairement défi nie, la politique économique relève bel et bien du ministère des Finances et apparaît aujourd’hui assez fumeuse. «On navigue à la corne de brume», résume un observateur quelque peu désabusé.

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