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Coup de force
Il est un orfèvre de la ruse et on ne comprend pas toujours les raisons qui le poussent à avancer tel ou tel pion. Ainsi, l’on saisit mal le sens de la dernière manoeuvre politique de Navin Ramgoolam. En mettant fin à l’actuelle session de l’Assemblée nationale et en annonçant une reprise qui s’ouvrira avec la lecture du programme gouvernemental, il reprend la main.
On devra attendre la conférence de presse qu’il tiendra dans «les jours à venir» pour mieux comprendre les objectifs que vise à atteindre le chef du gouvernement. Mais d’ores et déjà, il tire les bénéfices de sa décision de mardi soir. Il est perçu comme celui qui a eu l’audace de prendre la première initiative majeure. Or, orienter les événements plutôt que d’être dépassé par eux, c’est un impératif de l’action politique efficace.
Pendant ce temps, le président de la République, lui, s’emmêle un peu les pieds dans les pièges qui lui sont tendus de part et d’autre. Il donne l’impression d’être un peu hésitant. Il apparaît comme celui qui est à la traîne des événements.
Le problème d’Anerood Jugnauth, c’est qu’il se tient en équilibre instable. Une telle situation, si elle se prolonge, ne sera pas tenable pour lui. SAJ ne peut conserver ses fonctions à la tête de l’Etat s’il n’a plus le respect du chef du gouvernement, ni même celui d’un simple ministre qui se permet d’ignorer une convocation de la State House. Il ne voudra pas, non plus, démissionner de la présidence alors qu’il n’y a aucune perspective d’élections anticipées.
La situation n’est pas moins cornélienne pour le leader de l’opposition. Paul Bérenger devra se retrouver, dès la rentrée parlementaire, face à un dilemme aussi insoluble. Au cas où le Premier ministre propose une réforme électorale, avec la proportionnelle et le maintien du Best Loser System, Paul Bérenger ne peut que le soutenir. Du coup, le MMM aura à choisir entre le remake de 2000 et un combat en solitaire aux prochaines législatives. Face au coup de force de Navin Ramgoolam, le camp adverse va sans doute allumer un contrefeu, son étonnement passé. Mais il paiera cher tout retard à l’allumage.
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