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Crise suicidaire des syndicats

18 décembre 2012, 07:41

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Face à un mouvement syndical qui ressemble à un panier de crabes, le gouvernement force la dose. Il durcit les lois contre les travailleurs. Déjà, il avait fait adopter sans trop de diffi cultés, dans un récent passé, l’Employment Relations Act et l’Employment Rights Act. Ces deux lois ont fragilisé la situation des travailleurs et réduit le pouvoir de négociation des syndicats. Ceux-ci avaient réagi mollement. Du coup, le gouvernement s’est senti enhardi pour agir contre les syndicats. Ce matin, le ministre du Travail pousse le bouchon encore plus loin et présente des amendements à ces lois.

Des amendements qui limitent le droit de grève. Les syndicats devront désormais adresser une demande à l’Employment Relations Tribunal (ERT), pas la Commission de médiation, pour obtenir l’autorisation d’organiser une grève. Or, un syndicat décide d’entamer une grève précisément quand il n’est pas d’accord avec un arbitrage rendu par l’ERT.

De plus, le patronat peut maintenant contourner les mouvements représentatifs des travailleurs et négocier un accord directement avec un groupe de travailleurs qu’il aurait choisis à sa guise. Un tel accord sera ensuite applicable à l’ensemble des travailleurs d’un secteur donné. Ce processus se réalise avec une mise à l’écart des syndicats dûment constitués.

Les amendements auront également pour effet de rendre caduc l’accord signé entre le front syndical de l’industrie sucrière et la Mauritius Sugar Producers Association en août dernier, notamment concernant les procédures de négociation. Les syndicats estiment que ces amendements les priveront de leur droit de déclencher une grève en cas d’échec des négociations au niveau national l’année prochaine.

Bref, le gouvernement entend renforcer l’arsenal législatif contre les travailleurs. Mais si la situation est si défavorable au mouvement ouvrier, c’est en raison de la division qui le mine. D’abord, il y a un manque de solidarité entre les syndicats du privé et ceux de la Fonction publique. Ensuite, il y a des tiraillements à l’intérieur des fédérations syndicales de chaque secteur. En cause : des problèmes d’ego plutôt que des divergences basées sur des idées.

Le spectacle est aujourd’hui à son comble. Tandis que les droits des travailleurs reculent, les leaders syndicaux se battent entre eux plutôt que d’affronter le pouvoir.