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Déni de déclaration
Le gros nuage de l’opacité obstrue tellement le ciel mauricien qu’il nous est difficile de croire que la déclaration des avoirs des élus du pays répondra aux grands principes de la bonne gouvernance et de la transparence. «L’ambiguïté» que relève Navin Ramgoolam sur cette question ne masque pas, cependant, le fait qu’elle demeure, en quelque sorte, un tabou à Maurice. L’opinion publique pourrait, elle, facilement manifester son légendaire scepticisme dès qu’il s’agit de mettre sous la lumière du jour les privilèges des nantis de la société mauricienne. Elle n’aurait pas tort.
Ce n’est pas jouer les Cassandre que de prédire une telle réaction. L’île Maurice est tellement habituée à évoluer dans le clair-obscur dès qu’il s’agit d’irradier sous une ombre lumineuse la fortune de nos dirigeants, qu’ils soient du secteur public ou du secteur privé, que nous avons fini par tenir pour acquis qu’il y a des informations qui, même si elles doivent être considérées comme étant d’intérêt public, relèvent automatiquement du privilège de la croix.
Il est des réflexes, et leur bastille de plus de 40 ans d’indépendance, qui sont difficiles à ébranler. C’est le grand roman d’un pays qui s’écrit avec l’encre de la pénombre. Certains en profitent pour thésauriser des pactoles, d’autres pour se livrer à des pratiques déviantes. La crise de confiance dont souffrent les Mauriciens sur ces questions ne date pourtant pas d’hier. Au fi l des décennies, ils ont appris à vivre dans des zones d’ombre.
Certes, il existe la Declaration of Assets Act. Si les élus sont contraints de déclarer leur savoirs, ainsi que ceux de leurs épouses et enfants mineurs à la Commission anti corruption (ICAC), ces informations n’ont pas pour autant été déposées à l’Assemblée nationale. C’est ce qui amène le Premier ministre à évoquer des «ambiguïtés» pour expliquer le fait que ces déclarations n’aient pas été dirigées jusqu’au «domaine public» jusqu’ici.
Des «ambiguïtés», ça se lève plutôt facilement lorsqu’il y a une réelle détermination en ce sens. Mais, ce pays n’a jamais connu de grands déballages publics. Pas de grands coups de sabots dans la fourmilière sonnante et pétante de nos puissants. On s’y est fait. De toutes les façons, on ne déshabille pas ses héros. Ce sont des personnes exclues de la peine infamante.
C’est là que nos dirigeants politiques doivent nous donner tort. Pour cela, il suffi t d’un peu de volonté et d’une grande honnêteté.
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