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De l’insécurité
Les appels se multiplient. Les cris d’alarmes résonnent. «Un sentiment d’insécurité s’installe dans le pays», affirme ainsi Shirin Aumeeruddy-Cziffra, l’Ombudsperson for Children. Dans la présente édition de l’express iD, des professionnels mettent également l’accent sur une évolution sociale qui génère une période d’instabilité. Effectivement, la société mauricienne cultive de plus en plus de fantasmes. Dont celui d’une ascension sociale nécessaire pour pouvoir dire qu’on a réussi sa vie. Dont celui aussi d’un désir obsessionnel de possession de biens matériels. Dont celui enfin de névrosés sexuels prêts à tout pour assouvir leurs envies.
C’est une véritable maladie qui ronge la société mauricienne. Une maladie qui trouve sa racine dans notre incapacité à accompagner, d’une part, notre époque et, d’autre part, nos jeunes. Il n’est ainsi pas étonnant que de nombreux jeunes constituent des gangs de malfrats. Qu’ils se mettent à racketter, à voler, à violer… Le système répressif ne fait plus peur. Il y a dans tout ce chaos le désir de vivre et d’exécuter le présent. Tout doit être réalisé dans l’immédiateté. C’est comme si l’espérance se trouvait dans la violence.
C’est toute la gratuité habitant cette violence qui fait peur. Les gens, victimes ou bourreaux, n’ont plus confiance dans les institutions. La classe dirigeante, qu’elle soit politique ou économique, semble coupée du peuple. Elle ne comprend plus le malaise qui règne au sein du prolétariat, voire au sein de la classe moyenne. Des individus, eux, volent et violent parce qu’ils sont imprégnés du sentiment qu’ils n’ont, de toute façon, pas d’avenir. D’autres jeunes truandent pour pouvoir s’acheter tout ce qui est dernier cri. Enfin, le citoyen lambda est, lui, tétanisé devant ce vertige de l’insécurité.
Y a-t-il des voies de sortie ? L’anthropologue Sophie Lechartier propose une piste. Selon elle, il serait futile d’imposer ses repères à la nouvelle génération qui a déjà identifié les siens. L’essentiel est de lui proposer des valeurs qui sauront canaliser son agressivité. Le monde est en pleine mutation. Sans une prise sur ses automatismes et ses déterminismes, il ne servira à rien de gloser sur la perte des valeurs et des traditions. Il faut résolument s’inscrire dans son époque.
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