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Délit d’honnêteté
Pour une fois, nous n’allons pas faire grand cas de la présomption d’innocence. Les tribunaux pourront rendre le verdict qu’ils veulent, le nôtre est déjà connu. Xavier Duval est coupable d’une totale malhonnêteté. Il en a fait la démonstration lors de sa conférence de presse de mercredi, durant laquelle il a évoqué le financement du volet Errors and omissions du dernier rapport du Pay Research Bureau (PRB).
On ne peut qu’être d’accord avec le réquisitoire du procureur Rashid Imrith, accessoirement président de la Fédération des syndicats du secteur civil. Xavier Duval est, selon lui, « anti-fonctionnaire. » Comment, en effet, a-t-il pu se laisser aller à expliquer que le financement de l’intégralité des recommandations du PRB va coûter soit Rs 4300 à chaque habitant du pays, soit Rs 9000 à chacun de ses salariés. Quelle hérésie !
C’est bien connu, le Trésor public mauricien est richissime. Tous les ans, le gouvernement nous ment en disant que les recettes de l’Etat sont bien inférieures à ses dépenses. Prenons l’année fiscale 2013 par exemple. Si on se fie à ce document truqué qu’est le Programme Based Budget, l’Etat percevra Rs 78 milliards cette année tandis qu’il en dépensera Rs 104 milliards. Trouver Rs 26 milliards pour financer le fonctionnement du gouvernement ? Ce n’est pas un problème.
Si l’on en croit les responsables du dossier économique de l’opposition, cet argent est disponible. Il dort dans les nombreux fonds créés à l’époque de Rama Sithanen (2008) et ne demande qu’à être utilisé. Pour financer un déficit ici ou payer intégralement les Rs 5,6 milliards annuelles que coûtera le financement du rapport du PRB, là. On peut bien évidemment aussi se tourner vers les bailleurs de fonds qui vont volontiers remettre la main à la poche. Les Rs 7 milliards de remboursement annuel à nos créanciers peuvent bien passer à Rs 8 milliards. Le Trésor public peut en effet tout supporter.
Ce qu’on ne peut tolérer, par contre, c’est cette fourberie de Xavier Duval qui veut nous amener à financer collectivement le PRB. Un non-sens. Car de notoriété publique, les Rs 15 milliards d’impôts sur les revenus et les sociétés ou les Rs 27 milliards de taxe sur la valeur ajoutée servent presque essentiellement à financer le salaire et le train de vie des ministres et autres grands mandarins de l’Etat. La fonction publique, elle, ne coûte quasiment rien en budget. Que la modique somme de quelque
Rs 22 milliards. Peanuts !
Ce qui est significatif, toutefois, c’est l’extraordinaire bond qualitatif et quantitatif que chaque rapport du PRB permet de réaliser dans le pays. A vrai dire, la question du financement du rapport du PRB ne se pose même pas ! En effet, depuis des années, un phénomène récurrent a été noté. Dès que les fonctionnaires sont justement rémunérés pour le travail fourni, ils redoublent immédiatement d’effort. Ainsi, en termes financiers purs, si l’Etat injecte désormais Rs 5,6 milliards supplémentaires chaque année dans le secteur public, les gains substantiels en productivité qui en résulteront dépasseront allègrement cette somme.
Xavier Duval se trompe donc encore une fois en prétendant que ce sont, par exemple, les 600 000 salariés du pays qui devront se cotiser pour régler la facture. Non, c’est l’ardeur au travail de nos fonctionnaires qui s’en chargera. Vous le vérifierez par vous-même : à travers la courtoisie et les conseils efficaces dont feront preuve les front desk officers que vous croiserez désormais. Vous vous en rendrez également compte quand vous constaterez, par exemple, que le feu vert administratif qui prenait dix jours, voire un mois à être obtenu dans le passé, vous sera désormais délivré dans les 48 heures suivant votre demande en bonne et due forme.
Ce serait peut-être un peu idiot de croire cela. Tout comme ce serait idiot – en voyant le Premier ministre se comporter comme un roi – de croire que l’Etat c’est lui. Mais l’Etat c’est nous. Dans une démocratie ou une tyrannie, c’est toujours une partie plus ou moins importante du travail des citoyens qui finance le fonctionnement du gouvernement. N’en déplaise à Rashid Imrith, il a 1,3 million d’employeurs qui payent aussi bien son salaire que celui de toute la fonction publique. Et en tant qu’employeurs, nous aurons toujours le droit légitime de savoir combien nous coûte l’augmentation salariale de nos employés !
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