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(Des)honorables parlementaires
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(Des)honorables parlementaires
Parfois, il n’a d’auguste que le nom. C’est notamment le cas quand le Parlement se réunit une fois la semaine. Or, depuis le budget du 4 novembre, c’est à un rythme quotidien que l’on découvre les « talents » de débatteur et de « taper » des honorables membres de notre Assemblée nationale. En bonne boîte à propagande, la MBC retransmet systématiquement toutes les outrances commises par l’opposition. On aurait toutefois tort de croire que les députés de l’opposition – leurs patrons respectifs en tête – sont les seuls récidivistes notoires en matière de « unparliamentary conduct ».
Prenons, par exemple, les deux acteurs du sketch consternant de ce mercredi soir. Le MMM Jean Claude Barbier et l’Attorney General Yatin Varma ont failli en venir aux mains. La cause : un moqueur « bann soular » lancé en direction de l’opposition par le ministre de la Justice. Le cadre du MMM aurait très mal pris l’insulte et enjoint Varma, au passage, de régler l’affaire d’homme à homme. Sans l’intervention de leurs camarades respectifs, l’Assemblée nationale aurait été le théâtre d’un énième pugilat…
Ce n’est pas la première fois que les deux protagonistes de ce triste épisode se font remarquer. En effet, Barbier avait fait une éclatante démonstration de son caractère martial à l’ancien ministre travailliste Kishore Deerpalsing en 1999. Ce dernier avait gardé, entre autres, des lunettes cassées comme souvenir de sa rencontre avec le député MMM. Si le goût pour la violence de celui-ci le rend pitoyable, sa mémoire sélective le rend ridicule. Ainsi, Barbier semble avoir oublié comment ses camarades de travée de l’opposition traitaient son leader de « Johnnie » il y a encore quelques mois en insinuant que le patron du MMM a des problèmes
liés à l’alcool…
Yatin Varma, pour sa part, n’est pas un ange non plus. De 2005 à fi n 2009, il a mené une guérilla quasi constante. Non pas contre un quelconque adversaire politique… mais contre un camarade de son propre parti... Vasant Bunwaree. Les deux avaient d’ailleurs failli en venir aux mains lors de la séance parlementaire du 1er décembre 2009. Parce que Varma n’avait pas apprécié le ton de la réponse de Bunwaree à une question posée par l’actuel Attorney General, alors simple backbencher du gouvernement. Si Varma et Barbier se sont récemment illustrés par leurs dérapages physiques, d’autres persistent dans leurs écarts de langage et leur incapacité à faire des interventions parlementaires intellectuellement honnêtes. C’est que nos députés souffrent du même mal que l’ensemble de notre population : l’absence d’une vraie culture de débat, lubrifiant indispensable à la mécanique de toute démocratie.
Il suffit d’accorder un minimum d’attention au contenu des interventions des députés et ministres sur le budget de Xavier Duval pour comprendre le schéma type d’un discours au Parlement. X est meilleur que Y parce que X a fait ci ou ça en étant au gouvernement ou dans l’opposition. Tandis que Y a fait ci et ça de mal en étant au gouvernement. CQFD… mais c’est un peu court !
Il est désormais rarissime d’entendre une intervention sur le budget qui ne parle pas de l’adversaire du jour. Personne ne songe à mettre en cause une mesure budgétaire uniquement en se basant sur ses recherches et ses interprétations, sur la justesse et l’efficacité de celle-ci. À la place, on invective l’adversaire. On se met en mode « quand nous étions au gouvernement, nous avions fait… » On profite même des quelques minutes d’intervention pour régler des comptes avec la présidence de la République ou un ancien camarade de parti passé à l’ennemi.
Étrangement, en écoutant les discours de nos députés, on se prend à se demander s’ils ont vraiment compris ce qui est écrit dans les règlements de notre Assemblée nationale. Petit rappel pour les oublieux ou ceux qui ne savent pas encore. Le Standing Order 40 de notre Parlement consacré aux « contents of speeches » explique ainsi qu’un député ne peut « introduire des questions non pertinentes » au sujet discuté. Ce même texte l’empêche de « use unbecoming words or expressions or to use offensive language » envers d’autres députés. Tout comme il lui interdit d’évoquer dans ses discours « the conduct of the President and the Vice- President of the Republic…»
Apparemment, nos honorables députés n’ont que faire des règles de notre Parlement…
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