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Dieu, à quel prix ?
Rs 73,6 millions. C’est le montant – d’argent public – distribué aux religions au cours du dernier exercice financier. La somme n’est pas énorme, pas choquante en comparaison des multiples autres gaspillages de nos pouvoirs publics. Lorsqu’ils dirigent des écoles, accompagnent vers une mort digne nos aînés ou aident des toxicomanes à se remettre sur pieds, les organisations religieuses et leurs divers mouvements peuvent aisément être reconnues d’intérêt public. En revanche, lorsque ce même argent des contribuables qui leur est accordé commence à corrompre, provoquant d’indignes dissensions entre prétendus responsables religieux, alors, là, on a vraiment très envie de voir disparaître cette pratique des subsides.
L’île Maurice est malade d’une indigestion de religion. On nous en force tant en travers de la gorge que la société s’étouffe, l’esprit critique s’étiole, le sens spirituel est bradé, l’élévation ramenée au niveau du rituel commercialisé. Tout cela parce que, dans certains cas, il y a trop d’argent, trop de millions du trésor public qui, jetés devant des esprits faibles, deviennent une redoutable tentation. L’argent corrompt nos religions, il affaiblit ces dernières, y attirant des Tartuffe qui seraient, sans doute, restés chez eux s’il leur avait fallu financer la prédication de leurs prétendues convictions.
Si l’on voulait assainir l’île Maurice, si l’on voulait mettre fin à cette religiosité exagérée, excessive, qui ne sert nullement les vraies valeurs de nos grandes traditions religieuses, il ne serait pas stupide d’envisager l’abolition des subventions aux religions. Des transferts, d’ailleurs, basés sur de mystérieuses statistiques, sur des chiffres susceptibles, entre autres, de faire fi des multiples conversions de chrétiens à l’islam et d’hindous aux dénominations pentecôtistes et évangéliques.
Mettons à l’épreuve les grandes ferveurs de nos compatriotes. Donnons-leur la chance de montrer à la face du monde à quel point ils sont religieux.
Laissons-leur le privilège de financer, de leurs poches, les œuvres rituelles de leurs religions respectives. En revanche, si ces groupes religieux avaient des projets d’intérêt public – éducatifs, thérapeutiques, en vue d’une aide sociale sérieuse -, il n’y aurait rien de choquant qu’ils bénéficient d’aides ponctuelles, directement de l’Etat ou des fonds de CSR. Cette dernière a offert à tous d’apprendre à évaluer des projets, leur pertinence, leur utilité sociale, etc. Que cette nouvelle capacité de chiffrer l’utilité d’un projet nous serve aussi pour ceux des religions.
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