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Dimension politique
Les deux camps qui s’affrontent sur l’avortement ont des positions irréconciliables, ce qui bloque toute possibilité de progresser vers un consensus. Il est donc inutile de prolonger le débat public sur ce sujet sensible.
Au contraire, il faut trancher, une fois pour toutes, cette question qui conditionne l’humeur du pays. Il faut l’aborder maintenant.
Les manoeuvres dilatoires ne feront que contribuer à aggraver les clivages existants. Si les législateurs veulent éviter d’attiser les passions, ils doivent se garder de reporter l’examen du «Criminal Code (Amendment) Bill». Ce projet de loi est inscrit à l’ordre du jour de la séance qui s’ouvre ce matin à l’Assemblée nationale.
Personne n’a intérêt à voir le pays s’embourber dans un débat sans issue et qui peut donner lieu à des dérives passionnelles. Chacun sait qu’un sujet comme l’avortement, dont l’enjeu est complexe et délicat, peut glisser sur le terrain de l’émotion s’il est mal cadré.
Il faut précisément recentrer le débat à ce stade et rappeler aux politiciens que ce n’est pas une posture philosophique et morale qui nous rapprochera d’une solution au problème. Croit-on vraiment que les parlementaires puissent avoir une réponse à cette question qui relève de la conscience personnelle : à partir de quand est-on un être humain ?
Le rôle du politicien est de faire un choix politique et de légiférer quand un problème de société surgit. Dans un pays où personne ne peut nier que les avortements non-médicalisés sont devenus trop répandus, les élus doivent se sentir interpellés.
D’autant plus qu’il prévaut une justice de classe. Beaucoup de femmes meurent chaque année des complications d’un avortement bricolé avec des méthodes dangereuses dans des offi cines opérant la nuit.
Ce drame frappe les femmes les plus pauvres, celles qui n’ont pas les moyens d’aller à l’étranger pour interrompre une grossesse non-désirée.
L’argument sur les dilemmes éthiques et moraux ne concerne pas les élus de la nation. Mais l’avortement a une dimension politique et sociale.
Notamment parce que le pays est confronté à des enjeux de santé publique et de justice sociale. Les élus ne peuvent alors s’abstenir de toute prise de position.
Surtout quand ils prétendent s’inspirer des valeurs du coeur.
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