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Discours de haine

2 mai 2011, 08:29

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Le Premier ministre reste campé sur l’idée qu’il y a une connivence entre l’express, le MMM et le «grand capital». Cet amalgame est le produit de son imagination.

Mais, dans son discours prononcé hier à Vacoas, il prend quelques libertés avec les faits et tente de donner l’impression que son attaque est fondée.

Il cite des manquements qu’il dit avoir relevés dans notre journal. Nous pensons qu’il faut revenir sur les trois points évoqués par Navin Ramgoolam même si nos lecteurs savent déjà que ce journal ne dépend d’aucun pouvoir, économique ou politique.

1. Il nous accuse d’avoir, dans un éditorial, écrit que le traité de non-double imposition avec l’Inde est utilisé par les ministres corrompus indiens pour blanchir leurs gains illicites. En fait, dans le texte incriminé, nous ne faisons que citer un article paru, la veille, dans le journal économique indien, «Business Standard» sous la plume de Devesh Kapur et Arvind Subramanian.

Ce dernier, un ancien cadre du FMI très connu ici pour ses analyses sur Maurice, et son collègue se demandent, dans leur article si «Ending the Mauritius tax treaty is the key to curbing globalisation-enabled corruption in India».

Les deux économistes respectés estiment que si les dirigeants de leur pays ont résisté aux pressions en faveur de la résiliation de l’accord, c’est parce que ceux-ci utiliseraient l’offshore mauricien pour blanchir l’argent de la corruption.

2. Navin Ramgoolam cite mal un article paru dans la rubrique «Confidentiel» du samedi 26 mars pour alléguer que nous aurions parlé d’une consommation de 350 caisses de whisky à un banquet organisé le jour de l’indépendance. Il est vrai que notre journaliste a rapporté que «Pour fêter avec éclat le 43e anniversaire de l’Indépendance, l’Etat a commandé 350 caisses de whisky» mais son texte dit clairement ceci : «On ne sait pas si toute la cargaison de whisky transférée de l’entrepôt de l’Etat a été consommée lors du banquet d’Etat et des autres cérémonies offi cielles, ou si certaines bouteilles ont été consommées dans des fêtes à caractère plutôt privé.»

3. Le Premier ministre dit ne pas comprendre comment un journal comme l’express puisse publier des articles de Harish Boodhoo. Si les dirigeants de la majorité se montrent intolerants envers tous ceux qui ont une liberté de conscience et qui échappent à leur contrôle, en revanche, l’express entend, lui, respecter la pluralité d’opinions et offrir une tribune à tous les Mauriciens qui souhaitent contribuer au débat national.

Outre sa série d’attaques contre l’express, Navin Ramgoolam a utilisé hier, un langage hargneux, à la limite de l’incendiaire, contre Paul Bérenger et ce qu’il appelle «le grand capital».

Ce discours de haine, ressemble à celui de 1983, une année où son camp avait mené une campagne virulente. Il n’a pas besoin, aujourd’hui, de miser sur cet argumentaire émotionnel pour gagner des votes. Cette haine qui monte du tréfonds du personnage intrigue.