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Diversification et capitaux étrangers
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Diversification et capitaux étrangers

Diversification et capitaux étrangers La baisse signifi cative des investissements directs étrangers (IDE), cette année, inquiète les observateurs économiques.
Dans un dernier tableau récapitulatif sur le sujet publié en août dernier, la Banque de Maurice faisait ressortir que le pays n’avait attiré que Rs 3,4 milliards de capitaux étrangers à cette date. Nous sommes loin des Rs 13,9 milliards de 2010, le record absolu de ces dernières années où on a attiré entre Rs 7,2 milliards et Rs 11 milliards.
Pour de nombreux analystes, la contre-performance de 2011 est à mettre au compte de la crise économique mondiale, avec la menace d’un «double dip». La crise a bon dos car le «World Investment Report», publié en juin 2011, révèle que si effectivement, de nombreux pays ont souffert de la
conjoncture internationale, d’autres s’en sont très bien sortis, avec même des niveaux d’IDE en hausse. Pour la première fois, les pays en développement et les économies en transition ont attiré plus de la moitié des IDE globaux.
Faut-il s’inquiéter de la baisse, peut-être momentanée, des IDE à Maurice ? Non, si l’on en juge par la quantité de «shopping malls» qui poussent comme des champignons au milieu de tous les champs de cannes. Non, si l’on en juge par le nombre de projets IRS et RES annoncés chaque semaine. Non, si l’on en juge par la profusion de projets routiers tous azimuts. Non, si l’on se réfère aux investissements massifs des grandes compagnies mauriciennes en Afrique, non seulement dans l’industrie sucrière, mais aussi dans des centres commerciaux.
Il fut un temps, quand Maurice se prenait pour le «tigre de l’océan Indien», où on avançait sérieusement dans certains milieux que, fi nalement, le pays n’avait jamais tant compté sur les IDE, car après tout, c’étaient des capitaux locaux qui avaient tout fait, ou presque. Ce n’est pas si faux, sur un plan purement nominal. La part des IDE dans la «Gross Fixed Capital Formation» n’est pas énorme.
Mais à cet argument, d’autres analystes répondent que ce n’est pas tant par la quantité que les IDE ont marqué le destin de Maurice. C’est surtout grâce à son effet de catalyseur du développement économique et industriel que les capitaux étrangers ont fait mentir Titmus et Meade, qui nous prédisaient misère et désolation.
La littérature économique abonde pour prouver que l’une des contributions les plus importantes de l’IDE est dans l’échange de technologie et de savoir-faire. Ceux qui ont un peu de mémoire se souviendront que le principal apport de Sol Kerzner dans le domaine touristique n’a pas été dans les murs des hôtels construits, mais dans le marketing, la gestion d’un établissement hôtelier, la formation du personnel, entre autres. Certes, il y a eu plus tard «New Mauritius Hotels», «Naiade», «Constance Hotels», pour ne citer que ceux-là.
Le même scénario s’est déroulé dans le textile-habillement. C’est grâce aux Hongkongais, dont le groupe «Esquel», que les Mauriciens ont acquis la technologie, la maîtrise du savoir-faire et le marketing. Il y a eu ensuite «Floreal Knitwear», «Bonair» ou encore la Compagnie mauricienne de textile.
Aujourd’hui, que ce soit dans le tourisme ou dans le textile, la quasi-totalité des entreprises sont mauriciennes avec des capitaux mauriciens. Mais pour certains observateurs à l’esprit caustique, le secteur privé étranger manque d’imagination même s’ils ont des capitaux. Tout ce qui existe à Maurice a été initié par des investisseurs étrangers ou par l’Etat qui a agi comme facilitateur. Mais laissons là ce débat.
Le fait est que Maurice a encore besoin d’IDE, non pas pour faire tourner la machine économique, mais pour lancer de nouveaux «ventures», innover, montrer la voie. Pour diversifier sa base économique qui est trop concentrée dans le textile, le tourisme, un peu de poisson et quelques centres d’appels.
Pour réussir cette diversifi cation, il faut de nouvelles recettes, et notamment des règles claires pour l’investissement. Il faut des organismes de régulation qui font actuellement cruellement défaut – certains existent mais ne sont pas opérationnels. Il faut libérer les opportunités d’investissement dans les énergies vertes ou l’écologie, dans la logique de «Maurice île durable». Il faut, il faut… mais en attendant, ce sont les relations entre la «State House» et la «Clarisse House» qui monopolisent l’attention.
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