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Drôle de continuité
Le programme de gouvernement présenté hier par le Premier ministre sortant, Navin Ramgoolam, n’a pas de surprise. Sa vision reste proche de la pensée économique qui sous-tendait le programme de l’Alliance sociale qu’il dirigeait en 2005. Toutefois, une reconduction de la majorité sortante n’entraînera pas forcément une politique de continuité. Car l’exécutant du premier programme, Rama Sithanen, a été exclu de l’équipe de Navin Ramgoolam.
Le nouveau programme s’inscrit dans la logique de démocratisation de l’économie, prônée par le PTr depuis plusieurs années. Sans doute aimerions-nous avoir plus de précisions sur ce concept abstrait. Le programme le définit seulement comme «un élargissement des opportunités d’entreprenariat, y compris des opportunités d’accès aux ressources nécessaires et des opportunités d’épanouissement professionnel.»
En 2005, le PTr l’avait présenté comme une profonde remise en cause de notre modèle économique et a fait rêver une majorité d’électeurs. Dans la pratique, cette démocratisation n’a produit aucun résultat.
Ce qui fait que l’électorat ne peut toujours pas saisir les objectifs de la révolution annoncée. Il a bien du mal à comprendre ce que l’alliance bleu blanc-rouge compte faire exactement quand elle dit vouloir réformer «la structure économique nationale pour la rendre plus juste et plus prospère.»
Qu’entend-on par démocratisation ? Parlet- on de la lutte contre la pauvreté, de la création d’emplois, ou de mesures incitatives en faveur des petits entrepreneurs ? Dans ce cas, tous les gouvernements ont fait de la «démocratisation» depuis l’indépendance sans le savoir…
Le deuxième objectif majeur du programme concerne la modernisation des infrastructures publiques.
Cette promesse est crédible. Le gouvernement sortant a effectivement ouvert des chantiers de construction de routes pour soulager l’asphyxie de nos principaux axes routiers. Le montant des investissements prévu sur les prochaines trois années est considérable. L’Etat a eu raison de consentir un tel effort financier car le coût de la congestion est énorme pour le pays.
Outre la construction et la rénovation de plusieurs tronçons, l’Alliance de l’avenir promet d’aménager des «bus lanes» et de lancer la construction du «Harbour Bridge» si elle est élue.
On veut bien croire que ce ne sont pas de vaines promesses car au chapitre des infrastructures publiques, le Premier ministre sortant peut s’enorgueillir d’un bilan plutôt positif. Il a mis fin à une longue période de paralysie pendant laquelle le réseau routier mauricien ne s’est pas étendu alors que le parc automobile était en nette croissance.
Essentiellement, Navin Ramgoolam annonce qu’il va consolider le modèle économique «prospère et compétitif» mis en place depuis 2005 et «poursuivre les réformes institutionnelles» alors que son équipe est amputée de l’architecte de ces réformes.
Quelle posture !
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