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Du calme

23 janvier 2013, 07:32

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C’est d’une voix teintée d’accents militaires que le Premier ministre vient d’affirmer : «Mo pou laguerre. Mo pa per pou la guerre.» Sans aucun doute, ces propos constituent une déclaration de guerre. Ils annoncent l’intention des dirigeants politiques de mener une véritable guerre non pas contre les trafiquants, les affairistes et autres délinquants mais contre la presse indépendante. La démarche du Premier ministre rappelle, par certains aspects, celle du fameux Don Quichotte qui faisait la guerre aux moulins à vent qu’il prenait pour des géants envoyés par de méchants magiciens.

Navin Ramgoolam a tort de prendre la presse pour des ennemis contre qui on livre des guerres. Certes, il y a, en démocratie, des rapports conflictuels entre le pouvoir politique et la presse libre mais ils ne sont pas basés sur la haine, ni une agressivité destructrice.

Quand le langage des dirigeants devient aussi belliqueux, c’est que le pays ne fonctionne plus en mode démocratique.

Les relations sont difficiles entre les membres de la majorité politique et les sentinelles de la presse, justement parce que les journalistes sont vigilants. Quel que soit le parti au pouvoir, une presse indépendante dénonce les abus de ceux qui gouvernent, la corruption et les violations de droits fondamentaux.

Et, quand le pouvoir change de mains, le combat de la presse contre la mal gouvernance ne faiblit pas. La presse demeure, en toutes circonstances, un rempart contre les dérives. La voix des sans-voix.

Il y a un conditionnement de l’opinion publique comme pour sonner le début de la campagne militaire annoncée. Ainsi, la population a été gavée de slogans ces temps derniers, l’invitant à percevoir l’influence de la presse comme une «dictature des médias».

Cette outrance n’a rien à voir avec la réalité.

Jamais, les journaux libres n’ont revendiqué une posture totalitaire. C’est par erreur que l’on parle de la presse comme d’un quatrième pouvoir, il s’agit plutôt d’un contre-pouvoir.

La guerre, ce n’est pas Maurice. La nature paisible de notre peuple fait que ce pays a besoin de débat contradictoire, pas de guerre, pour bien trouver son chemin. Mais, bien entendu, ceux qui n’ont pas la force de l’argument choisissent l’argument de la force.