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Du règne de la médiocrité

5 avril 2011, 08:16

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Dimanche dernier, vu à la télévision nationale de Navin Ramgoolam un film en hindoustani intitulé «Jodha Akbar». Dans l’une des scènes, on voit Akbar, un roi moghol régnant en Inde et qui veut se faire aimer par ses sujets, se lancer parmi la foule incognito pour comprendre comment vit son peuple. De retour à son château, il prend immédiatement la décision d’abolir certaines taxes.

Samedi dernier dans les rues de Port-Louis, des citoyens de ce pays, sur une initiative de CSG-Solidarité, ont manifesté contre un coût de la vie qui étouffe le petit peuple. Ils veulent d’une vie moins chère. Les augmentations des prix de produits de base les exaspèrent. Ils ne comprennent pas qu’il n’y ait pas un geste de solidarité à l’égard des plus pauvres. Ils ne comprennent pas non plus comment les prix demeurent les mêmes malgré l’annonce qu’ils baisseraient.

Nous ne comprenons pas, ce que nos gouvernants comprendront encore moins, que nous ayons tant à payer pour respirer dans ce pays.

Le luxe, désormais, c’est de pouvoir survivre.

Nous ne comprenons pas également, ce que nos gouvernants comprendront encore moins par ce qu’ils ont de quoi nourrir des générations d’héritiers sans qu’ils aient à produire le moindre effort, que nous ayons tant à nous battre pour trouver de la nourriture chaque jour. Que cette vie soit devenue une course effroyable derrière le matériel. Nous ne comprenons pas non plus ce peuple qui fait le choix de vivre dans la représentativité.

Un peuple qui a besoin de symboles pour exister.

Et si en fait, il n’y avait rien à comprendre ? La léthargie et la soumission de ce peuple sont tout à fait logiques. C’est sa marque identitaire. Etre suiveur. Il n’y a effectivement rien à comprendre sauf que ce pays appartient à des nervis et à des sous-fifres. Lorsqu’on se fait complice d’un système qui livre tout un pays à deux familles et tolère que tout un service public emploie des gens de communautés spécifiques, c’est qu’on fait le choix de vivre dans la servilité et l’injustice.

Quant aux autres, ceux qui se rendent compte de cette médiocrité, il y a la peur d’une parole vivace et critique. Il y a la peur de représailles.

Il y a la peur d’une mise à l’écart. Il y a surtout cette jeunesse qui reproduit tous les travers de ses aînés. Dès lors, comment espérer? Surtout lorsqu’on sait qu’il ne faut pas toucher à la religion et aux langues. Or, sans un discours critique sur ces problématiques, il ne peut y avoir une quelconque remise en question ou introspection.

Notre lecture du monde est limitée aux poncifs et aux lieux communs. Autant laisser la bêtise régner. Puisque nous avons tous choisi de nous murer dans la lâcheté.