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Effet de génération

5 mai 2013, 15:00

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Effet de génération

Au fond, c’est quoi une génération, est-ce bien la mesure d’une durée ? Des contemporains sont-ils vraiment de la même génération parce qu’ils sont nés la même année ?

 
 

En ces jours où l’on se remémore encore l’épopée de L’EXPRESS, il peut être éclairant de constater qu’un garçonnet de 1963, une adolescente et, disons, un jeune père de famille de cette même année peuvent aisément se sentir de la même génération, cela pour avoir partagé les mêmes rêves, nourri les mêmes ambitions pour leur pays. Il était en effet possible d'être né en 38, en 47 ou en 52 et de s’enthousiasmer également en apprenant qu’on produirait bientôt de la margarine, du dentifrice, localement, qu’on pourrait importer des rubis, les perforer, puis les réexporter. En s’efforçant à vaincre ensemble le désespoir, des contemporains d’âges différents ont constitué une même culture générationnelle, une même génération. L'île Maurice de 2013 ne serait-elle pas à la recherche de sa prochaine transforming generation ? Celles de 1963 et de 1967 ont finalement rejoint le mouvement plus radical du début des années 70, pour porter une nouvelle volonté de transformation. Que retrouverons-nous de ces dynamiques aujourd’hui ?

 

 

La consultation de listes de friends sur Facebook serait susceptible de confirmer l’observation ci-dessus quant à la mobilité des lignes de démarcation entre cultures d’âge. Contrairement à ce que l’on pense trop souvent quant à la clôture du monde des jeunes, on s’aperçoit que de nombreux adultes comptent des adolescents parmi leurs amis, ce qui est plus significatif que l’inverse, la démarche engageante n'étant pas de add mais de demander à l’être. Cela noté, que va-t-on Like ensemble ? 

 

 

Donner à croire en l’avenir d'un pays, expliquer de manière neuve et encore inédite les mécanismes de son déclin, proposer des voies inexplorées pour le sortir de la stagnation, récuser la facilité, capitaliser sur l’énergie et la détermination d’une génération lucide quant aux valeurs, largement inopérantes,  de la précédente. C'est à un carrefour d’initiatives de ce type que la génération des années 60 et celle des années 70 prirent la résolution de ne pas se satisfaire de l’île héritée du colonialisme. Serons-nous capable, à notre tour, de réinventer l’avenir ? 

 

 

Pendant un peu plus d’une dizaine d’années, entre la chute du mur de Berlin et le 11-Septembre, une certaine idéologie a voulu nous faire croire que nous vivions dans un grand marché planétaire, notre bonheur à tous tributaire de l’accroissement indéfini des échanges transfrontaliers. La menace du terrorisme, le réchauffement planétaire, la prise de conscience de la proximité du Peak Oil ont modifié les paramètres. Il ne suffit pas de pouvoir compter sur des journaux présentant et expliquant ces diverses réalités de la planète. Il faut être à nouveau en mesure d'engager des citoyens à s’assumer comme tels. 

 

 

Comme la nécessité de convaincre, hier, de l'importance d'industrialiser et d’imaginer un avenir post-sucre, sans doute faut-il, aujourd'hui, mieux faire valoir à une opinion encore trop sceptique l'importance de la dynamique insulaire régionale. Il faut faire prendre conscience aux Mauriciens de l'enjeu pour la région, et peut-être en tout premier lieu pour nous, d'une stabilité politique et d'une relance économique à Madagascar. 

 

 

Pour une génération cherchant à laisser sa trace sur son pays, contraindre les pouvoirs publics à revoir un système d'éducation que tous savent inadéquat pourrait être une mission valorisante. Il ne s'agit pas, loin s'en faut, de remplacer le CPE par un autre dispositif d'attribution de places. Il s'agit d'imaginer, avec les meilleurs techniciens disponibles, une école qui, enfin, fera émerger les talents de nos enfants. 

 

 

Et ainsi de suite, de l’agriculture à la zone franche, la corruption, les embouteillages, les ponzi-kids, les socioculturels, le transport…