L’express est né il y a 50 ans avec de bien belles exigences et de sérieuses ambitions. Celles-ci ont été fondamentales à la vie démocratique de ce pays et elles le sont toujours. Faisons en un rappel.

L’opinion publique ne peut juger, ne peut se prononcer que si elle est en présence «des problèmes réels et des faits exacts». L’express est «socialiste dans sa structure et dans ses convictions».

Le journal sera «libre et indépendant» et sera donc ouvert aux «idées larges et généreuses de tous ceux et de toutes celles qui, épris de liberté et de justice sociale, voudraient œuvrer à enrichir la conscience publique».

Ce journal veut «éviter… des discussions stériles sur des problèmes fictifs» et proscrit «les querelles de personnes, l’invective et la haine» ce qui ne l’empêchera pas de faire «la guerre avec des armes de lumière, aux idées obscurantistes et aux facétieux de tous bords» et de rester farouchement «libre et indépendant».

L’expressva aider à «promouvoir la cause de l’esprit et de la culture» et fera une large part à «l’étude et à la considération des questions économiques» souvent mal comprises, trop souvent marginalisées et perçues comme opposées au progrès des hommes.

«Le mauricianisme bien compris» sera érigé «en citadelle» et le pays qui «appartient à tous» doit pouvoir «atteindre sa pleine souveraineté dans le respect des droits et des devoirs de tous ses habitants sans exclusivisme aucun».

Ce journal sera, avant tout, un journal où toutes «les questions d’intérêt public sont exposées avec autant d’exactitude et d’objectivité, avec autant de précision et de clarté qu’il sera possible» et pour ce faire, il comptera sur la «participation effective de (ses) lecteurs» si ceux-ci sont respectueux du «niveau et de la probité de (ses) colonnes».

Ces mots ont été publiés le 27 avril 1963, il y a cinquante ans, par des hommes qui voulaient tant de bien pour leur pays et ils sonnent toujours comme un tocsin appelant aux dangers qui guettent la citoyenneté. Ou encore comme un défi à la nation ! L’express et le pays n’auront pas toujours été à la hauteur de cet appel au triomphe de la raison et à ces attentes. Pas toujours. Mais l’express aura, au moins, essayé, systématiquement et du mieux que cela lui était possible, de ne pas oublier sa ligne éditoriale de base, son credo, sa raison d’être. Et en cela, elle aura trouvé écho auprès des lecteurs puisque l’express demeure, malgré des difficultés de toutes sortes, depuis la censure de 1972, la taxe sur le newsprint (1983), le Newspaper & Periodicals Act de 1984, le boycott publicitaire actuel et la critique politicienne permanente, le quotidien le plus lu et le plus respecté du pays. En ce qu’il s’agit de presse libre, les politiciens, c’est clair, auraient préféré diriger le pays sans...

Au cinquantième anniversaire de sa fondation, votre journal, loin d’être parfait, a l’occasion de se remettre en question, de se retremper dans sa potion magique d’origine et de continuer sa route. Sans suffisance, mais revitalisé, et toujours conscient que le bien commun et les principes priment en toutes circonstances normales le droit des individus guidés par l’étroitesse de leurs intérêts.