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Entre jet-set et taudis…

15 mai 2010, 09:45

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La création d’un ministère de l’Intégration sociale et de l’«Economic Empowerment» témoigne, enfin, de manière concrète la volonté du gouvernement de prendre à bras le corps le problème de la pauvreté dans le but de l’éradiquer.

Ce ministère est un véritable défi pour son titulaire qui devrait s’estimer heureux de le piloter pour sauver des familles naufragées, sinon des vies cabossées. Quand on réalise la noblesse de la tâche, ce n’est pas un sacrifice énorme que d’abandonner des apéritifs et des dîners à 30 000 mètres d’altitude et dans les hôtels 5-étoiles et aussi des déjeuners de promotion qu’abritent des restaurants de luxe sur des îles exotiques !

Selon les derniers chiffres disponibles, 24 à 25 000 familles avec, disons, quatre enfants en moyenne chacune, vivent dans une situation de pauvreté extrême. Et selon le comité «Eradication of absolute proverty», presidé à l’époque par C. Currimjee, 7 157 familles végètent dans une précarité
extrême dans 229 poches réparties sur 118 régions. Ces regions sont connues. Le coût estimé l’année dernière pour faire face à ce fléau était de l’ordre de 3 à 4 milliards de roupies qu’il faudrait arrondir à 5 milliards pour être plus réaliste.

Ce n’est pas la mer à boire si la volonté politique y est. Le nouveau ministre de l’Intégration sociale aurait une vision réductrice d’estimer que des dons de tôles et de rondins à travers le «Trust Fund for Vulnerable Groups» seraient une solution finale. Il faut avoir une vision globale du problème. On n’arrête pas une gangrène avec du sparadrap.

L’éradication de la pauvreté absolue passe par la prise en charge totale des pauvres sur une durée déterminée et pas seulement en matière de fric. La stratégie est à têtes multiples : le ciblage scientifique de ceux qui sont réellement dans le besoin doublé d’un soutien psychologique d’encadrement, l’accès à l’éducation pour les enfants, devenus entre-temps ceux des rues, l’apprentissage d’un métier pour ceux qui ne sont plus dans la position d’être scolarisés et surtout des cours de sensibilisation aux parents en matière de responsabilité… pour ne mentionner que quelques priorités.

L’«Empowerment Foundation», l’année dernière, a abattu un travail titanesque dans ce domaine quand des maisons ont été livrées avec à la clé quelques outils indispensables pour tracer l’avenir des bénéficiaires. Ils se débrouillent fort bien en ce moment. Comme dirait l’autre, il vaut mieux donner une canne à pêche à un pauvre qu’un poisson tous les jours. C’est cela le sens de l’«empowerment» : lui donner le goût de la pêche pour éliminer sa dependance de la main qu’il estime doit le nourrir.

L’autre dimension de ce ministère est aussi politique, il ne faut pas se leurrer. Eradiquer la pauvreté, c’est aussi régler le problème de «law and order». Et si Xavier-Luc Duval peut presenter un bilan positif – comme cela a été le cas dans le domaine touristique – les dividendes politiques qu’il peut récolter seront immenses.

Pour peu qu’il abandonne le jet-set pour les taudis….