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Entre parenthèses

16 juin 2010, 15:36

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En début d’année, les acteurs de l’économie mauricienne avaient mis leurs projets en veille, en attendant de connaître la date des élections. Puis, ils ont temporisé avant le résultat du scrutin. Aujourd’hui, force est de constater que cette mise entre parenthèses de l’économie se poursuit, alors que le nouveau gouvernement est en place depuis plus d’un mois. Le discours-programme n’a fait que reprendre les grandes lignes du programme de l’Alliance de l’avenir, et n’a pas donné d’indications précises sur les orientations de la politique économique du nouveau ministre des Finances, Pravind Jugnauth. Depuis sa nomination, ce dernier n’a donné qu’une conférence de presse au cours de laquelle il a conseillé aux Mauriciens de ne pas vendre leur action de l’Employees Real Estate InvestmentTrust, qui vaut aujourd’hui Rs 2 500, pour un cours d’émission de Rs 1 000. Pourtant, les sujets de préoccupation ne manquent pas. Comment gérer l’impact de la crise de l’euro ? Comment financer la politique gouvernementale qui s’annonce très «sociale» ? Quand va-t-on supprimer la taxe sur les intérêts perçus et la National Residential Property Tax? Quel contenu donner au concept de «Maurice duty free island» ? Va-t-on toucher à la TVA ? Quid des droits d’accises ? Comment allons-nous négocier avec nos partenaires commerciaux ? Quand va-t-on privatiser MauritiusTelecom ? Face à ces question, le silence du ministère se fait assourdissant. «Nous attendons tous de voir ce que va décider Pravind Jugnauth avant de prendre des décisions à notre tour», remarque un chef d’entreprise.

Pendant ce temps, le gouverneur de la ank of Mauritius fait feu de tout bois. A peine réinstallé à la tête de la banque centrale, Rundheersing Bheenick a rencontré les patrons de la Mauritius Employers Federation, les banquiers de la Mauritius Bankers Association, les responsables de la Chambre de commerce et d’industrie, les associations de consommateurs, les exportateurs de la Mauritius Export Association et les représentants du Joint Economic Council. Aux exportateurs, il annoncé qu’il n’était pas question de déprécier la roupie ni de baisser les taux. Mais il leur a promis des décisions sur mesures au cas par cas.

Il leur a par ailleurs conseillé de diversifier leurs marchés et de s’attaquer à leur problème de productivité. Il a mis en garde contre les risques inflationnistes de la hausse du dollar et de l’excès de liquidités sur le marché monétaire local. Excès de liquidités auquel il va d’ailleurs s’attaquer. Bref, le gouverneur de la banque centrale assume ses responsabilités et s’implique à fond dans la gestion de l’économie nationale. Au risque de ne pas plaire à tout le monde. «C’est Bheenick le vrai patron de l’économie mauricienne», constate un financier. De fait, face à cette hyperactivité, l’inaction de Pravind Jugnauth apparaît d’autant plus manifeste. Seul problème : si cette catalepsie devait se poursuivre, l’économie aura du mal à sortir de l’atonie qui la caractérise aujourd’hui. Or il y a urgence à sortir de la parenthèse électorale.

 

 

Pierrick PEDEL