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Esbroufes politiques

11 août 2011, 10:34

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La disparition de la question sociale a permis instantanément à d’autres considérations de prendre le pas dans les enjeux de société, notamment les considérations ethniques et castéistes. On voit ainsi, aujourd’hui, certains intellectuels et professionnels qui, au nom de la realpolitik, estiment que l’île Maurice de 2011 a toujours besoin de rassurer les communautés.

Donc, il faut préserver le système de «best loser». Ne parlons pas de nos politiques. Ils ont la trouille dès qu’on évoque cette possibilité.

Tous, enfin, estiment que ce n’est pas le bon moment. Celui qui cherche, en fait, le bon moment, ne tente que de préserver ses propres intérêts. C’est vrai qu’on vit dans un monde où il n’y a plus d’utopie. Mais aurait- on cru que toute décence n’en fait plus partie également ?

Tout le débat sur la réforme électorale reprend dans un contexte précis. Celui de profondes incertitudes. Qui l’aurait cru ? On était supposé être dans un temps de verticalité politique où les dynasties Ramgoolam et Jugnauth allaient nous garantir la stabilité avant de se passer le relais entre elles à la tête du pays.

Cette parenthèse de cohabitation Ramgoolam-Jugnauth n’aura pas duré longtemps.

L’autre nature de l’humain – celle qui fait surgir la terreur et la confrontation – a repris ses droits. Il n’y a pas d’équilibre entre les hommes de même race, de même caste. Ceux qui sont du même univers sont naturellement antagonistes dès qu’il est question de pouvoir. Ces hommes pensaient être en mesure de masquer la réalité des faits. Dès lors règnent les rodomontades politiques. «Nous sommes fidèles», «l’alliance est solide», «dans une famille, il peut y avoir des différences de vue mais pas de dissensions». Que n’a-t-on entendu ces derniers mois ! Pour finalement arriver là où on est aujourd’hui.

Désormais, il faut faire bonne contenance.

A ce jeu-là, nos politiques sont imbattables. Dimanche dernier, Navin Ramgoolam va même esquisser quelques pas de danse. Pravind Jugnauth se montre, lui, toujours souriant et confiant. L’enjeu : il faut savoir qui va être le rentier exclusif d’un grand bassin électoral. Quant à Paul Bérenger, il s’agit de se démarquer de tout excès et de convaincre son électorat qu’il peut être digne dans toute cette agitation politique. En fait, ce sont des angoisses obsidionales qui les habitent. Et c’est ce qu’il faut cacher derrière des délires de puissance.

Au fond, nous le savons tous. Nous ne sommes pas en face d’hommes qui n’ont jamais cédé aux sirènes du populisme et du sectarisme. Donc, s’il faut une réforme électorale qui préserve le système de «best loser», autant ne pas la faire. Ce ne serait qu’une «réformette».

 

Nazim ESOOF