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Espérance et charité

16 juin 2013, 06:24

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Espérance et charité

Il est vraiment difficile de trouver, par les temps qui courent, des raisons d’être positif et d’espérer. Cependant, il faut chercher et il faut trouver, car l’alternative serait la sinistrose permanente, le cynisme incrusté, le désespoir qui engendre la déraison. C’est en effet quand il n’y a rien à perdre que les gestes deviennent plus violents, que l’effrayant devient acceptable, que le sordide devient envisageable. C’est inévitablement l’équation qui confronte les citoyens qui n’arrivent plus à se faire entendre, qui n’ont plus de repères, à qui l’on passe répétitivement le message que le monde est injuste et vénal, qu’il est dénué de principes sauf celui de l’allégeance, qu’il est souvent sourd et aveugle. Dans ces circonstances, la religion chrétienne a longtemps conseillé l’espérance et la charité. L’espérance pour donner le change au désespoir ; la charité peut-être pour excuser ceux qui sont en position d’agir et qui n’en font pas assez ? Je ne sais plus, c’était il y a tellement longtemps…

 

Un autre type de réaction possible, cependant, c’est le volcan et l’explosion !

 

La population de l’île qui conduit a sans doute des raisons d’être heureuse en voyant les grands chantiers enclenchés depuis quelques années. Des «by-pass» intelligents pour contourner St.-Pierre ou Triolet, l’autoroute qui prend du gallon et qui s’élargit, la route Terre-Rouge Verdun qui offrira bientôt la première véritable alternative pour contourner le bouchon de Port-Louis si l’on ne souhaite pas s’y attarder ; autant de promesses de lendemains plus faciles, plus efficients, plus heureux. Peut-être même avec moins d’accidents !

 

Le mois de mai n’a pas été moins beau cette année et le retour du froid nous a stimulés, comme d’habitude, au bon moment, avant que la torpeur de l’été ne nous gagne totalement. Un Mauricien, Yannick Lincoln, a gagné le tour de l’île cycliste. Le déficit budgétaire est toujours sous contrôle. Le plan d’action pour le projet Maurice Ile Durable a enfin été approuvé («avec soulagement» nous dit candidement M. Osman Mahomed, président exécutif de la commission MID). Le PRB va ravir ses bénéficiaires. Nous aurons, en fin de compte, un radar pour la météo. Les ministres de la République vont recevoir une augmentation de plus de 32 % par rapport à leur dernière allocation de 2008.

 

Mais est-ce bien assez pour nous inculquer de l’espérance et nous inviter à la charité ?

 

Des enfants maltraités ou abusés dans des «refuges» jusqu’à la faillite des bus de la CNT, des quelque 70 morts sur nos routes depuis janvier, jusqu’à l’affaire Soornack, du visage tuméfi é de M. Jeannot jusqu’aux chapeaux de Mme Bazerque, du MITD jusqu’au tunnel de la mort, de Whitedot/ Sunkai jusqu’à la sexagénaire que l’on viole et que l’on tue, de la roupie forte qui tue l’exportation jusqu’aux « whistleblowers » qu’on licencie… y a-t-il des raisons d’espérer?

 

Les caméras de ProGuard, le photovoltaïque des Seetaram, MedPoint, la police qui ne paraît pas être «even-handed», les investisseurs qui prennent froid, les offres d’emplois qui baissent, les réservoirs qui s’emplissent de cadavres d’animaux morts, la fonction publique qui, malgré les prétentions de M. Tengur, n’est pas plus productive «à tous les niveaux» (par 22 % ou pas ), les connexions internet toujours lamentables, le lagon décimé, la balance des comptes courants à 10 % du PIB, un ministre qui se bagarre avec sa voisine, Amul, le chantage de Sik Yuen lors des élections municipales, les embouteillages de Port-Louis, de Quatre-Bornes ou de Flacq nous invitent-ils à faire preuve de charité?