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Esprit de réforme

23 novembre 2009, 16:24

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Dans son dernier budget, le ministre des Finances met l’accent sur l’esprit de réforme qui habite le gouvernement. Ce gouvernement, lui-même, ne cesse de chanter sur tous les toits que le réformisme est le principe cardinal qui anime ses actions.

Tout cela est bien beau. Mais, la réforme ne s’applique pas que sur le terrain économique.

Il y a un dossier qui nécessite une réforme en profondeur et sur lequel les différents gouvernements, qui se sont succédé, ont fait preuve d’une amnésie déconcertante. Il s’agit évidemment de la réforme électorale. Cette réforme est pourtant celle qui pourrait changer la société mauricienne et la débarrasser d’une bonne dose de sectarisme qui la mine. Rezistans ek Alternativ ne s’y trompe pas lorsqu’il en fait un cheval de bataille. Son combat contre le système de «best losers» est méritoire.

Grâce à l’initiative de ce mouvement, l’Etat mauricien ne dispose plus que de six mois pour préciser sa position sur le fait de savoir si les candidats à une élection doivent ou non obligatoirement décliner leurs appartenances ethniques. C’est devant l’United Nations Human Rights Committee que le gouvernement mauricien devra se prononcer.

A ce jour, nos dirigeants politiques se sont montrés bien pusillanimes sur cette question. Dans le principe, ils sont bien d’accord pour se défaire de cette pratique. Dans les faits, ils n’ont jamais eu le courage d’agir en ce sens. Car, ils savent que cela engendrera une véritable révolution politique dans le pays. Sera ainsi remis en question le système de «best loser». Il n’est pas seulement question de ce système. Il y va de toute une série de pratiques électorales. Il y a également cette peur des «susceptibilités» des électeurs. Ou encore la nécessité de «rassurer et de sécuriser» les Mauriciens dans leur identité religieuse. De leur garantir une représentativité ethnique au sein du système politique.

Il faut aujourd’hui rappeler que le système électoral en cours prend appui sur des réalités qui datent de la période pré-indépendance. Plus de quarante ans se sont écoulés. L’actuel Premier ministre dénonce souvent le repli identitaire. Comment les citoyens mauriciens peuvent-ils développer un nouveau rapport à la thématique ethnique si on les pousse vers des réflexes surannés?

C’est une grande fabrique d’hypocrisie nationale que font rouler les politiques traditionnels. Il faut seulement espérer que Rezistans ek Alternativ obtiendra gain de cause. Ce serait une victoire pour le pays et la défaite des esprits obscurantistes.