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Et si l’Etat nous était plus redevable ?
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Et si l’Etat nous était plus redevable ?
C’est en pensant à mes deux contraventions d’excès de vitesse de la semaine dernière que je me faisais la réflexion suivante, alors que j’étais pris dans le trafic depuis Roche-Bois, allant vers le Sud, et que j’ai dû prendre 25 minutes pour traverser Port-Louis. Ce qui fait, en passant, une moyenne d’avancée d’environ 7 km/h si mes calculs ne sont pas trop inexacts…
Eh oui ! C’était sur la route de Bambous à Flic-en-Flac et bloqué «mentalement» à 80 km/h et distrait par deux Irlandais dans la voiture, que je me faisais surprendre, la nuit, à deux minutes d’intervalle, à un peu plus de 70 km/h alors que la limite «rationnellement imposée» sur ce tronçon est de… 60 km/h ! Pourquoi ? POURQUOI ?
La réflexion était comme suit : si j’ai l’obligation de respecter les lois et les prescriptions du pays, aussi iniques soient-elles, et donc de payer si je ne les respecte pas, est-ce que les autorités n’ont pas, par contre, l’obligation vis-à-vis de leurs citoyens d’assurer des standards minimums et donc de les dédommager aussi quand ces minima ne sont pas respectés ?
Eh oui, on aurait alors, au-delà du jugement électoral tous les cinq ans, un contrat social rationnel, équitable et juste puisque mutuel et partagé.
Quelques suggestions :
● Rs 2 000 d’amende à l’État à chaque fois que l’on est obligé de faire moins de 30 km/h en moyenne alors que l’on ne le souhaite pas ! Cette amende sera payable à partir de la caisse, bien remplie, des amendes payées pour excès de vitesse, mais reste un peu difficile à prouver, pour le moment !
● Rs 50 d’amende à la CWA, chaque jour où il y a un service d’alimentation d’eau de moins de 24 heures par jour ou de moins de XX m3 par heure (en contrepartie, on augmente le tarif de 50 % pourfaire les travaux nécessaires) ;
● Le ministre des Administrations régionales ainsi que les conseillers municipaux voient leurs salaires diminuer de 10 % par mois qui passe avec ne serait-ce qu’un seul marchand ambulant «fixe» sur les trottoirs de la ville ;
● Rs 1 000 de compensation à chaque fois qu’une copie de certificat de naissance, de mariage ou de mortalité prend plus de 48 heures pour être livrée ;
● À chaque fois que le gouvernement accorde un bail de l’État sans appel d’offres préalable, il a l’obligation de rendre publique cette décision et de la motiver, notamment par un communiqué dans les journaux, les radios et la télé. Si les citoyens peuvent dans les 60 jours mobiliser au-delà de 10 000 signatures de protestation contre ce bail, celui-ci est annulé ou son taux de location automatiquement doublé ;
● Quinze jours de congés payés sur un paquebot de luxe pour toute personne arrêtée et inculpée par la police dont le dossier ne suscite pas une condamnation éventuelle en cour. De plus, dédommagement de Rs 10 millions minimum pour toute période passée en prison par quelqu’un qui n’est pas, par la suite, condamné en cour de justice ;
● Obligation aux conseillers municipaux d’aller uriner au moins une fois par jour dans des toilettes publiques sous leur responsabilité. (à lire l’article d’Anju Ramgulam, en page 8 de l’express dimanche du 20 octobre)
Vous voyez l’idée ?
Vous en avez d’ailleurs sûrement quelques-unes bien à vous… **
Appelons cela de manière un peu grandiloquente une tentative d’établir «An accountable state» où on cesserait de punir seulement le citoyen ! Doublé d’une «Freedom of Information Act» et d’un site Web, un peu selon le modèle «We the People» de la Maison-Blanche (voir https://petitions. whitehouse.gov), ou une pétition citoyenne suffisamment soutenue pourrait se faire entendre par nos députés, menant ainsi à d’autres initiatives pour rendre l’État redevable ; gageons que notre démocratie deviendrait plus vivante, plus participative, plus complète ! Espérons aussi qu’un parti politique autre que le Parti malin (pour eux c’est trop évident !) développe cette idée dans son manifeste aux prochaines élections.
Je lui concéderais alors volontiers mon vote, même si j’avais des réticences sur le reste de son programme et que l’on me faisait voter quelques «pieds bananes», même si de mauvaises souches, en contrepartie.
** Partagez-les en envoyant un e-mail à : philippe.forget@lasentinelle.mu
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