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Etonnez-nous !
D’abord permettez-nous d’avoir des doutes et des interrogations. C’est revenu à l’ordre du jour comme un prétexte : la réforme électorale. Sans doute pour nous faire oublier certaines choses plus importantes. Probablement pour occuper notre esprit dans de vaines sensations qu’il y a du mouvement et des initiatives. On n’en reste pas moins sceptiques.
Toute la pensée politique d’une aristocratie consiste à attendre l’ordre du roi. Un roi dont on sait qu’il prend tout son temps pour se décider.
C’est ce qui explique que tous les membres de sa cour n’osent pas se prononcer aussi longtemps qu’il n’aura pas pris la parole. Cela est valable pour nos partis politiques qui fonctionnent comme de véritables aristocraties. La prise de parole reste prioritairement une prérogative du leader.
Sur la question de la réforme électorale, ces leaders se sont prononcés à plusieurs reprises ces dernières semaines. Le fait demeure qu’ils tâtonnent.
Ils avancent d’un pas et reculent de trois autres.
Ils disent rechercher le consensus. Toutefois, on a l’impression qu’ils recherchent davantage les points de désaccords pour ne pas mettre en oeuvre cette réforme. Cela est bien caractéristique de notre personnel politique. Chacun y va de ses idées et de ses propositions. Mais, dans le fond, c’est le gain politique immédiat qui va primer. Ce gain, il est dans le maintien du système actuel.
Etonnez-nous donc Messieurs. Faites qu’on ait tort. Faites que la réforme électorale devienne une réalité. Nous ne voulons pas, cependant, d’une réforme cosmétique. Un système est remis en question lorsqu’il ne correspond plus à une réalité.
Or, cela fait longtemps que le système mauricien est devenu suranné. Par crainte de bouleverser certaines sensibilités et les fameuses «spécificités » mauriciennes, les dirigeants politiques qui se sont succédé au pouvoir ont opté, jusqu’ici, pour le statu quo. Ne serait-il pas temps d’interroger certains poncifs ?
La réforme électorale, si elle doit avoir lieu, devrait décliner une nouvelle vision de la manière de faire de la politique et d’une nouvelle conception du rôle de l’Etat. C’est l’unique manière de faire un bond conceptuel. De faire aussi que nos politiques dépassent une vision réductrice de la politique. Certains d’entre eux ont bien essayé de faire avancer les choses, voire de bousculer la mentalité de nombre d’électeurs. Une réforme électorale qui élargirait l’espace démocratique, qui éliminerait la rhétorique et la bêtise au Parlement, qui ouvrirait la porte à la société civile, qui éloignerait les vautours qui ne font de la politique que pour des gains personnels ou pour le prestige… Tout cela permettrait à ces politiques qui essaient de changer les choses d’avoir un nouvel espace pour travailler.
A Navin Ramgoolam, Paul Bérenger, Pravind Jugnauth et autres leaders politiques de nous surprendre.
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