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Étouffant
Une démocratie ne peut pas exister sans opposition. C’est la raison pour laquelle les démocrates ont une allergie aux alliances électorales susceptibles de vider les bancs de l’opposition. Il est naturel que celle qui, selon la rumeur publique, pourrait réunir le PTr et le MMM, inspire la crainte. Elle aboutira, le cas échéant, à un Parlement sans opposition.
Dans les faits, rien ne prouve qu’il y a la moindre ligne de communication entre les deux principaux partis actuellement, mais la politique est l’art du possible. Le pays n’est donc pas totalement à l’abri d’une reprise des «koz kozé» entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger.
Une éventuelle alliance entre les Rouges et les Mauves entraînera l’instauration de fait d’un régime de parti unique. Ceux qui ont retenu la leçon des événements de 1995 à 1997, quand le PTr et le MMM formaient la majorité, le savent. Ainsi, la perspective d’une nouvelle alliance entre ces deux formations ne peut que laisser planer le spectre d’un scénario d’horreur. Un scenario qui recèle bien des derives dictatoriales.
Marginalisés, le MSM et le PMSD n’auront aucun poids si un Parlement monocolore se dessinait, avec un Navin Ramgoolam doté de tous les pouvoirs et bénéficiant du soutien inconditionnel du MMM. Dans un tel contexte, on passe rapidement d’un parti unique à la pensée unique.
L’hégémonie s’installera d’autant plus facilement à Maurice que les contre-pouvoirs peinent à exister. Ils ont du mal à équilibrer les rapports de force dans notre société. Les syndicats sont incapables de se fédérer autour d’une cause commune. Ils se chamaillent entre eux comme des chiffonniers, avec des conséquences désastreuses pour les droits des travailleurs. De même, les ONG ne constituent plus un contre pouvoir potentiel. Elles ont connu un net refroidissement ces dernières années. Elles sont réduites à émettre des communiqués pour féliciter les dirigeants quand elles ne se transforment pas tout simplement en faire-valoir pour les gouvernants.
Il reste la presse qui, en théorie, peut offrir un espace de liberté et contrecarrer une pensée unique. Mais, déjà, la presse libre est victime de tentatives d’étranglement financier. Sous un parti unique, la situation ne peut qu’empirer. Imaginons le journal télévisé de la MBC comme source unique d’information pour les Mauriciens et on comprendra mieux le danger des alliances.
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