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Fouetter l’optimisme
Dans un monde où les marchés s’abreuvent de chiffres et d’indicateurs, il faut savoir faire preuve de psychologie afin d’éviter de pousser les opérateurs économiques à la déprime. C’est d’autant plus important car les mauvaises nouvelles voyagent désormais à la vitesse du son.
À Maurice, nous avons eu de la chance de ne pas avoir été témoins des séances de montagnes russes auxquelles se sont livrées les places financières mondiales. N’empêche, nous avons eu droit à des périodes de nervosité. Comme, par exemple, lorsque le MSM avait claqué la porte du gouvernement.
Le calme est revenu après le Budget 2012, comme en témoignent les indicateurs de confiance sur le plan local. Toutefois, la dégradation des perspectives économiques, que ce soit sur le plan local ou international, la baisse dans les arrivées touristiques et l’érosion des prévisions de croissance depuis le début de l’année, n’ont fait qu’accentuer les appréhensions de la communauté des affaires.
Une situation pesante qui certainement n’a pas manqué d’influer sur le moral des entrepreneurs au point de provoquer un effritement de la confiance démontré dans le sillage du dernier Budget.
Étant donné les risques sur l’emploi, le pays ne peut se permettre d’avoir le moral en berne. Dans la conjoncture, il n’y a pas dix mille moyens pour fouetter l’optimisme. Et à Maurice, il est un fait que le taux directeur demeure un outil efficace pour améliorer le sentiment des affaires.
Tous les yeux seront donc tournés, le lundi 24 septembre, vers la tour de la Banque de Maurice où se réuniront les membres du comité de politique monétaire pour essayer de voir un signe de soutien psychologique à la croissance économique. Car c’est de cela qu’il s’agit avant tout.
L’inflation ayant été largement maîtrisée pour cette année grâce à la pratique d’une politique monétaire appropriée, il s’agit maintenant de se concentrer sur la croissance.
Avec un taux d’inflation annuel à 4,6 % et un taux en glissement annuel à 3,7 % à fin août, le comité de politique monétaire dispose de la marge nécessaire pour agir sur le taux directeur qui est à 4,9 %, vous diront bon nombre d’économistes.
Certes, les avis divergent sur son impact réel sur la valeur de la roupie et son manque d’impact sur l’investissement privé, mais une chose est sûre, une baisse des taux sera d’un apport non négligeable à la création d’un Feel good factor.
Qui plus est, avec la reprise mondiale qui se fait toujours attendre, il est important, du moins dans le court terme, de protéger notre compétitivité. Face à la baisse des arrivées touristiques comme en témoignent les statistiques officielles et le ralentissement attendu au niveau des exportations, il est impératif d’encourager les opérateurs à rester dans les normes en ce qui concerne l’endettement. Et par ricochet, prévenir tous risques de dérapage au niveau des créances douteuses étant donné la forte exposition des banques à ces secteurs clefs de l’économie mauricienne.
Avec nos principaux partenaires qui continuent de maintenir leurs taux à des niveaux exceptionnellement bas, nous devons également voir dans quelle mesure nous pourrons nous assurer que le différentiel des taux pratiqués à Maurice et le différentiel des taux du marché ne soient pas trop grands. Cela afin de ne pas encourager des entrées en devises, soit du hot money qui pourrait entraîner d’autres problèmes.
Bien qu’il dise s’attendre à une hausse des attentes inflationnistes avec le prochain rapport du Pay Research Bureau et l’éventuelle augmentation du prix des carburants, le Gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, semble également se préparer psychologiquement à un retour en force des colombes lors de la prochaine réunion du MPC.
N’a-t-il pas annoncé récemment le lancement prochain d’un produit alternatif pour inciter les gens à épargner ? Ce nouveau produit pourrait se révéler être « a good store of value » dans le cas d’une reprise de l’inflation.
Rien ne dit non plus que Rundheersing Bheenick ne sera pas du côté des partisans de la croissance, comme il l’a fait dans le passé.
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