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Frontières ethniques

15 novembre 2009, 11:44

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Pour plusieurs raisons de rééquilibrage, surtout d’ordre administratif et infrastructurel,il importe de revoir les frontières de nos régions au fil du temps. En un quart de siècle, plusieurs de nos villes et villages ont connu un profond changement démographique. Ils restaient néanmoins prisonniers de structures figées, d’infrastructures souvent saturées. A cet égard, le travail de l’« Electoral Boundaries Commission » (EBC) a un potentiel de bon sens.

Mais puisque des élections ouvertes et compétitives demeurent la fondation même d’une démocratie, le rapport s’avère en fait un maquillage  cosmétique, au mieux un léger lifting, qu’un vrai travail de fond pour démocratiser le jeu politique mauricien. Les premiers commentaires émis le prouvent : le gouvernement et les groupements qui le soutiennent (officiellement ou pas) vont, par exemple, applaudir le déplacement des habitants de Bambous du n°14 (Savanne – Rivière-Noire) au n°20 (Beau- Bassin – Petite-Rivière), alors que les oppositions vont faire une analyse différente en imputant des motifs cachés aux membres de la commission.

Ainsi, dans cette même perspective, le détachement de Mont-Roches qui quitte le n°20 pour le bastion du MMM, le n° 19, peut-être perçu comme la concentration de certains électeurs aux habitudes électorales généralement fixes au sein d’un dépôt aujourd’hui agrandi.

Si les politiciens tardent à réagir, c’est parce que, comme le dit Ramgoolam, ils n’ont pas encore pris le temps de mesurer toutes les implications de ce réaménagement de ces frontières ethniques. Tristement il est évident qu’il est surtout question de rapports de forces communautaires – et non de réajustements d’ordre purement administratif. On peut ainsi deviner Bérenger en train de revoir la demi-liste des candidats qu’il préparait pour les prochaines élections et dont il faisait grand cas récemment. S’est-il laissé prendre à son propre jeu communal en osant trop en avance quelques noms ? Et Ramgoolam, lui, a peut-être trouvé le meilleur moyen de se débarrasser de certains des membres de son parti, devenus de véritables boulets rouges ?

Pour la forme, le rapport de l’EBC se prétend être apolitique dans sa conception, mais à prendre connaissance des changements préliminaires proposés, il est assez difficile de croire cela. Il est dommage que son  mplication directe s’avère n’être qu’un simple jeu de « musical chair » : la musique qui fait tourner nos politiciens et les règles du jeu sont les mêmes, seule la forme des chaises change.

Donc au lieu d’une réforme du système électoral – cette grande table ronde promise – on se dirige vers les élections 2010 avec un semblant de changement. L’appartenance ethnique, la caste, l’influence de l’argent occulte, le manque d’égard aux femmescandidats sont toujours les facteurs qui vont déterminer le profil de nos futurs élus. Ces facteurs sont eux-mêmes mis a rude épreuve en cas d’alliance politicienne où on sépare le bon grain de l’ivraie communale, le très riche du moins riche, le « pied banane » du « carreau ». Pire le récent rapport semble conforter cette pratique. On peut habiter dans le Nord et être candidat à Rivière-des-Anguilles chez nous. D’ailleurs vous verrez le nombre d’élus qui vont élire, bientôt, domicile ailleurs, loin de leurs frontières actuelles...

Nad SIVARAMEN