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Futur gris

5 juillet 2011, 05:09

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Le Bureau central des statistiques a initié le grand recensement de la population. Au même moment, en Inde, les autorités procèdent à cet exercice mais à une dimension quasi herculéenne. En outre, elles vont plus loin dans le questionnaire en demandant la caste des sondés. L’objectif est d’ajuster les politiques sociales en faveur des plus démunis, supposément de castes dites inférieures. Au-delà de la pertinence ou non des questions liées à l’appartenance religieuse, communautaire ou castéiste, ce qu’il est intéressant de voir, à Maurice et en Inde, et au fond partout ailleurs, c’est l’impact de cet exercice sur les politiques publiques.

Les statistiques disponibles font déjà état d’un phénomène social et économique que les autorités devront vite prendre par les cornes : le vieillissement de notre population. Le recensement en cours permettra sûrement d’affiner les observations actuelles.

Qu’on en juge néanmoins : du 1er juillet 2009 au 1er juillet 2010, la population âgée de plus de 60 ans a crû de 5 %. Ce n’est pas rien car la tendance ne fera que se poursuivre, voire s’amplifier.

Si notre population prend des rides, c’est par l’effet combiné de l’augmentation de l’espérance de vie parallèlement à un étiolement de la base de la pyramide  des âges, à cause d’une fertilité déclinante. En clair, on fait moins d’enfants et on vit plus longtemps. Mais vivre plus longtemps ne signifie pas vivre en bonne santé.

L’impact économique et social du vieillissement de notre population doit déjà inquiéter. Le nombre de pensionnaires est passé de 120 802 personnes en 2004/05 à 141 582 en 2008/09. Forcément, la pression financière du paiement des pensions suit la tendance.

De Rs 2 milliards en 1999, ce montant est passé à Rs 3,6 milliards en 2005/06 pour caracoler à Rs 5,1 milliards en 2008/09.

Aujourd’hui, les plus de 60 ans représentent 11 % de la population. En 2024, les seniors constitueront 18,3 % des Mauriciens puis 22 % en 2034. Petite comparaison édifiante : entre 2009 et 2029, les statisticiens prévoient un taux de croissance naturelle de la population globale de +10,7 % alors que dans le même temps, le nombre de seniors explosera (+113 % !).

Cette floppée de chiffres montrent que : la pression sur les actifs à venir ne fera que croître (2,5 travailleurs pour un pensionnaire en 2030 contre 6,3 pour 1 aujourd’hui) ; les autorités devront réfléchir à une réforme du système de pension ou se résigner à augmenter les impôts, les taxes, etc. (à l’étranger, l’impopularité de ces démarches obligées témoignent du caractère sensible de l’affaire) ; les secteurs économiques d’avenir devront tenir compte de cette réalité sociologique pour garder le cap, faire face à la concurrence ou se réinventer.

On doit donc s’attendre à des changements. Le souci de se doter d’un hôpital gériatrique va dans le bon sens, bien qu’on pèche gravement pour ce qui est du procédé, d’autant que centraliser l’offre de soins dans une région embouteillée en diminue l’accessibilité.

Il y a tout un ensemble de niches d’offres de services sur lesquelles les entrepreneurs peuvent dès maintenant se placer. Outre les défis à relever pour les pouvoirs publics, le marché du senior est prometteur.

Bref, la course à l’or gris est ouverte.

 

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