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Gâchis

8 décembre 2013, 09:39

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Au lieu de recentrer l’attention sur les vrais enjeux économiques du moment, les débats sur le Budget 2014 n’ont fait que nous y éloigner. Car les élus des deux côtés de l’hémicycle étaient plus préoccupés à marquer des points politiques qu’autre chose. Au final, cet exercice s’est révélé être un véritable gâchis.

 

Dans leur démarche, ils ont complètement oublié que la croissance évolue au-dessous de la moyenne depuis cinq ans, que l’investissement privé est à l’arrêt, que le taux d’épargne est à son niveau le plus bas, que le taux du chômage des jeunes est à un niveau inquiétant et que les inégalités économiques ne cessent de se creuser. Ne parlons pas de la confiance dans nos institutions ou encore de la qualité de services offerts par certaines agences gouvernementales.

 

Même le chef du gouvernement, le  Dr Navin Ramgoolam, n’a pas été en mesure ou du moins n’a pas jugé utile, dans son discours, d’éclairer l’opinion sur la stratégie de son gouvernement pour porter le pays vers le fameux statut de High Income Country. Pourtant, il est le premier à admettre que pour y parvenir, nous avons besoin d’une croissance économique annuelle de 6 %, voire supérieure. Comme c’est très loin d’être le cas actuellement, les analystes étaient nombreux à se tourner vers notre auguste Assemblée nationale, le temps des débats budgétaires, dans l’espoir de mieux comprendre l’action gouvernementale, ainsi que le projet de l’Opposition visant à éviter au pays de sombrer dans le piège du revenu intermédiaire. Mais, malheureusement, ils sont restés sur leur faim. Car la priorité de nos élus semble être ailleurs. Il faudra donc repasser pour la relance économique.  

 

En revanche, en marge des débats budgétaires, nous avons eu droit à un nouvel épisode du feuilleton « Je t’aime moi non plus » avec dans les rôles principaux, Xavier Duval et Rundheersing Bheenick. Point d’apaisement entre le Trésor public et la Banque centrale malgré le départ de l’ancien Secrétaire financier, Ali Mansoor, pour Washington.

 

D’ailleurs, l’absence remarquée du Gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, à l’Assemblée nationale, lors de la présentation du Budget était une indication claire que le feu couve toujours sous les cendres. Ceux qui en doutaient se sont ravisés lorsque Xavier Duval a dévoilé les mesures visant à desserrer la vis du crédit pour les prêts logements. Une initiative en contradiction totale avec la décision prise par la Banque centrale quelques semaines auparavant pour justement contrôler l’expansion du crédit au moyen de mesures macro-prudentielles en vue de réduire le niveau d’endettement dans les secteurs de l’immobilier et de la construction.

 

Difficile donc de réconcilier la position du ministre des Finances qui estime qu’il y a « a good case to give a filipp to the construction sector next year » et celle du Gouverneur de la Banque de Maurice qui craint une surchauffe dans le secteur immobilier – résidentiel et commercial – et une bulle 
immobilière.

 

Un véritable casse-tête chinois que bon nombre d’analystes pensent qu’il va falloir porter devant le comité de politique monétaire pour rechercher son arbitrage. Le hic, c’est que la crédibilité de ce comité est remise en question par nul autre que son président, Rundheersing Bheenick. Il questionne son indépendance et s’interroge sur les compétences de certains membres qui y siègent.

 

La réplique ne s’est pas fait attendre. Sur sa page Facebook, Xavier Duval dira : « Ce n’est pas à M. Bheenick de décider de la composition du MPC puisque cela relève des prérogatives du Premier ministre et du ministre des Finances. » Le bras de fer est relancé et tout indique que ce ne sera plus par le biais de la Research Team comme cela a été le cas à travers les colonnes de Business Magazine.

 

Les prochains rounds de ce duel seront très intéressants à suivre dans la conjoncture politique actuelle. Toutefois, l’économie mauricienne continuera à pâtir de ces incohérences. Et l’approche de la prochaine échéance électorale n’est certainement pas pour arranger les choses du point de vue économique.