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Gaffe protocolaire ou acte délibéré ?

12 juillet 2010, 16:14

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La visite d’un dignitaire officiel de la Grande péninsule chez nous est toujours un événement majeur. Une telle visite, aussi courte soit-elle, est suivie, comme il se doit, avec une attention particulière non seulement par les médias mais aussi par la population en générale. Et c’est très bien ainsi. La  semaine dernière, du 2 au 4 juillet, le ministre indien des Affaires étrangères, Son Excellence S.M.Krishna nous a rendu visite. Les autorités concernées ont certes accueilli ce visiteur distingué avec tous les honneurs dus à son rang et ont préparé à son égard un programme de travail et de visite, incluant les courtoisies d’usage, pour satisfaire et répondre au but de sa mission.

Ainsi, les médias nous ont appris que durant son séjour, le distingué ministre a paraphé cinq accords couvrant entre autres la coopération culturelle entre nos deux États et la mise à notre disposition d’un patrouilleur pour la surveillance de nos eaux territoriales. Il a aussi rendu des visites de courtoisie à différentes hautes personnalités du pays, inclus le président de la République, le Premier ministre et le vice-Premier ministre. Nous en sommes ravis.

La question qui se pose toutefois est pourquoi, comme le veut la tradition protocolaire et la pratique  diplomatique, une visite, ne serait-ce que pour quelques minutes, n’a pas été prévue au leader de l’opposition ? Serait-ce un simple oubli des services du Protocole ?

Si c’est effectivement le cas, c’est une gaffe et c’est grave, très grave même. Mais c’est  difficilement croyable sachant que le service protocolaire est très professionnel et se passerait de ce  genre d’impair.

Question de temps ? Ce serait une excuse banale et légère ! Alors l’autre explication serait que ce  soit un acte délibéré, et là, c’est impardonnable, voire méprisable. Le poste de leader de l’opposition  est une institution incontournable et importante de notre système démocratique et est garanti par notre  Constitution.

La pratique a toujours été qu’une rencontre soit programmée entre le leader de l’opposition et un  dignitaire en visite offi cielle chez nous. Il y a quelques semaines de cela, le ministre français de  la Coopération était en visite offi cielle chez nous (une visite courte aussi). Une rencontre avec le  leader de l’opposition était au programme de notre distingué visiteur.

Les relations entre États transcendent la politique partisane. De surcroît, celles entre l’Inde et  Maurice ont toujours été exemplaires. Combien de fois nos ministres visitant la Grande péninsule, même à caractère privé n’ont-ils pas eu des rencontres, non seulement avec des offi ciels du gouvernement indien, mais avec le leader de l’opposition de ce pays ? Mais encore, alors qu’il était le leader de  l’opposition indien, Shri Atal Bihari Vajpayee, fût reçu avec tous les honneurs en visite offi cielle  chez nous. L’ancien ministre Swalay Kasenally était le porteur de l’invitation chez Monsieur Vajpayee à
New Delhi et il fût reçu à son arrivée à Maurice entre autres, par le ministre des Affaires étrangères  d’alors, Ramduth Jaddoo. Pourquoi alors écarter une rencontre avec le leader de l’opposition ? Qu’estce qu’on envoie comme message ?

Mais n’oublions pas que lors de la première édition du régime bleu-blanc-rouge dans les années 1980, un  genre de fatwa avait été décrété, interdisant les représentants diplomatiques en poste à Maurice d’être  présents aux congrès du MMM. Est-ce que c’est un retour vers cette même ère, vers cette même basse  pratique ? De grâce, épargnez-nous cette petitesse d’esprit. Ayez le sens de l’État !