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Gloire au Père

20 septembre 2011, 04:42

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Chaque 18 septembre, le pays se souvient. Ou plutôt, il doit se souvenir d’«une personnalité et [d’un] chef d’Etat hors pair, qui a non seulement marqué l’histoire du pays mais qui est aussi reconnu dans le monde entier», dit Vasant Bunwaree, ministre de l’Education, qui sait entretenir la légende. Pour les écoliers, vendredi a été jour de fête : on relâche plus tôt et on a droit à un quizz sur la vie de sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR).

Le Père de la Nation est né le 18 septembre 1900 à Belle-Rive. Il aurait donc eu 111 ans dimanche dernier.

En voilà un centenaire qu’on sait fêter dignement. Et on ne peut que trépigner à l’idée qu’il explosera le compteur de longévité à Maurice. Aucun Mauricien ne pourra égaler l’illustre Père. Pas même Jacques Désiré Laval, plus connu comme Père Laval, dont l’anniversaire de ses 208 ans, le 18 septembre aussi, est passé inaperçu.

Qu’on se le dise, commémorer ainsi année après année la naissance d’un grand politicien, premier Premier ministre de l’histoire post-Indépendance, vire forcément au culte de la personnalité. Pourtant, qui pourra nier que SSR est déjà très, ou suffisamment, célébré ? Combien de rues, de bâtiments, de jardins, d’infrastructures portent son nom ?

Ces commémorations folkloriques provoquent l’amnésie. La figure du Père efface des mémoires d’autres grands noms de notre histoire contemporaine.

Mais puisque c’est à SSR, surtout et plus que tout autre, qu’on doit l’Indépendance, que les Anglais de toute façon avaient programmée, on ne peut que faire amende honorable.

En renommant, par exemple, le Jardin botanique des Pamplemousses du nom de SSR, on lui a enlevé de son essence : plus qu’un jardin botanique de renom que les touristes et Mauriciens visitent pour sa richesse floristique, c’est aujourd’hui un lieu de mémoire devenu passage obligé de tout dignitaire étranger pour un dépôt de gerbe sur le samadhi. Mieux, un projet annoncé fin 2009, dont on ne sait ce qu’il est advenu, visait à réaménager le site à coups de millions pour, entre autres, rappeler les réalisations de SSR.

La glorification omet forcément les erreurs du Père de la Nation. On ne voit en lui que le héraut d’une nation en devenir et le héros de l’Indépendance.

Pourtant, SSR n’a pas toujours été, et ce n’est pas un manque de considération pour ce personnage de l’histoire que de le reconnaître, le plus grand des démocrates : l’état d’urgence, la censure, l’emprisonnement des voix discordantes, et l’excision des Chagos... tout cela n’est que «matter of detail»...

A trop tirer sur la corde, l’image même du Père de la Nation s’en trouve altérée. Le matraquage fonctionne pendant un temps limité. Il devient ensuite lourd, si ce n’est nauséabond. Et certains tentent le coup avec le fils...

 

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