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Grand Ouvert

23 novembre 2010, 09:08

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Le gouvernement reste ouvert à l’ouverture. Le ministre des Finances a montré, vendredi, qu’il entend poursuivre la stratégie de son prédécesseur et laisser grandes ouvertes nos portes aux talents étrangers. C’est tant mieux. Cependant, même si l’ouverture au savoir-faire étranger est indiscutable dans son principe, il y a certaines limites à ne pas franchir.

A cet égard, une mesure annoncée par Pravind Jugnauth dans le budget suscite quelque inquiétude. Le ministre a annoncé que les règlements seront modifiés pour ramener à Rs 45 000 le seuil de salaire mensuel à partir duquel un étranger peut solliciter un «occupation permit». Ce document sert à la fois de permis de travail et de résidence. Jusqu’ici, il fallait être un professionnel touchant au moins Rs 75 000 pour être éligible à ce permis.

Avec le relèvement général du niveau des salaires, notamment dans les secteurs bancaires, des services financiers et du tourisme, on aurait pu s’attendre à ce que le seuil soit révisé à la hausse pour que seuls des postes à très haut niveau soient accessibles à des étrangers. En fait, c’est l’inverse qui se produit.

Cet assouplissement de la condition d’éligibilité à un permis de résidence et de travail est risqué. Il intervient à un moment où des jeunes diplômés mauriciens éprouvent des diffi cultés à trouver des emplois à la hauteur de leurs qualifi cations. La situation va se dégrader si, en outre, le marché du travail s’ouvre également aux étrangers même pour des postes qui ne nécessitent pas des compétences pointues.

Un pays peut ouvrir ses frontières aux talents étrangers tout en définissant des conditions qui garantissent que l’intérêt national soit sauvegardé. Il existe aux Etats-Unis, un pays qui accueille avec enthousiasme les plus compétents, des mesures protectionnistes.

Les visas américains H-1B sont délivrés aux travailleurs qualifiés temporaires dans le cas où aucun travailleur américain aux compétences équivalentes n’a été trouvé. Maurice n’affiche pas les mêmes dispositions. Sur son site, le BOI, l’instance qui est chargée de délivrer le permis, dit succintement «To further open up the economy to foreign talents, the threshold for professional has been revised from Rs 75, 000 to Rs 45, 000. For professional in the Academic staff, BOI will issue Occupation Permit regardless of the income level».

Des conséquences sont à prévoir aussi bien sur le plan de la sociologie géographique. Déjà, il y a des villages dans l’ouest et dans le nord où la cohabitation entre nouveaux arrivants et habitants de longue date ne se passe pas très bien. On peut prévoir que la situation ira de mal en pis si les nouvelles colonies s’agrandissent.

Attention à ne pas dépasser le seuil de tolérance.