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Grandir

25 mars 2014, 07:29

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Grandir

On peut évidemment trouver à redire sur n’importe quelle initiative. Le changement, c’est bien connu, est difficile à assimiler et à accepter de toute manière, mais ce qui frappe avec la sortie du White Paper tant attendu, c’est que pour la première fois depuis des lustres, il y a un consensus politique, un désir de faire avancer la nation au-delà des clivages politiques bêtes et méchants. On peut espérer que ce sera possible pour d’autres questions vitales à l’avenir. Cette fois-ci c’est pour faire avancer la réforme électorale.

 

Ce n’est pas peu de chose ! C’est même extrêmement encourageant après des années d’échanges, semble-t-il, stériles sur les grandes options de réforme de ce pays qui se sont souvent résumés à du «political point scoring» de la plus vile espèce. Cette semaine, la réflexion qui a peut-être été longue, tellement longue que l’on a souvent évoqué Godot, a enfin mené à une tentative assez vigoureuse de trouver un consensus sur ce qui peut faire avancer le pays. Il était temps ! On s’était tellement habitué au désespérant ….

 

On peut évidemment trouver à redire sur le livre blanc de la réforme électorale. Chaque citoyen trouvera sans doute quelque chose qui ne lui plaira pas, quelque ajustement qu’il suggérera et il a été d’ailleurs invité à donner son opinion sur le sujet avant le 5 mai prochain. C’est bien qu’il en soit ainsi, mais que l’on ne se trompe pas sur l’essentiel et, pour reprendre une expression plutôt anglophone, ne soyons surtout pas tentés de jeter l’eau du bain en balançant le bébé avec ! S’il y a 500 000 citoyens qui ont un avis sur ce White Paper, il est probable que, nuances et détails inclus, on puisse obtenir 500 000 avis (et recommandations) différent(e)s. Dès lors, que fait-on ? L’express a déjà eu et aura certainement d’autres commentaires à faire entre maintenant et le 5 mai. On insistera plus ou moins sur des idées selon qu’elles sont vitales ou pas, mais on comprend bien qu’en l’état actuel des choses, il faut d’abord modifier la Constitution pour enclencher n’importe quelle réforme électorale et donc que toute réforme, même si imparfaite, passe inévitablement par un accord entre ceux qui dominent le Parlement à plus de trois quarts ! Exiger que ce en quoi l’on croit est impératif ne doit pas faire oublier le progrès bien réel que nous sommes en mesure d’obtenir cette fois-ci parce que le PM a écouté et que le leader de l’opposition a choisi d’entendre aussi. Le bébé, la dé-communalisation, même incomplète, du système électoral et de la Constitution doit être sauvé ! Ne serait-ce que pour avoir une chance de grandir, d’apprendre à causer, faire ses premières dents, aller à l’école et, demain, se marier et se reproduire …

 

***

La perfection étant impossible, l’express raisonne et choisit donc d’avancer un peu, plutôt que de patauger dans des débats stériles et des arguties infécondes qui nous garantiraient le statu quo pendant des décades encore.

 

Mais l’express ne s’y trompe pas. Le vrai combat demeure l’élargissement de l’espace démocratique et la réforme électorale n’en est qu’une composante. Si nous continuons, après les avancées rendues possibles ces jours-ci, à soutenir de prochaines étapes d’amélioration au système électoral, nous pensons utile de ne pas oublier que la maturation de notre démocratie demandera aussi une libéralisation véritable de la télé, des ondes radios vraiment plurielles, la réforme du financement des partis politiques, des prétendus démocrates plus décoincés face à la critique et à la satire, peut être une réforme constitutionnelle plus large et bien certainement l’avènement de la méritocratie pour remplacer le dévergondage, l’inefficience et la honte découlant du noubanisme mesquin, gâteux et parfois revanchard, comme avec certains boycotts.

 

Ce pays mérite de progresser et se doit de vivre mieux sa démocratisation. C’est possible et même nécessaire pour grandir et se faire respecter. On dit qu’un adolescent que l’on ne traite pas en adulte se conduit comme un enfant. Vous ne croyez pas qu’à 46 ans, il est temps d’aspirer à devenir adulte ?