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Grands enjeux et petits partis malins
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Grands enjeux et petits partis malins
Saviez-vous que les Nations unies lancent, ce mois-ci, une année internationale de l’agriculture familiale et des petits Etats insulaires en développement ? Il est sans doute utile, en cette épique saison de course politicienne, de rappeler à nos (ir)responsables politiques que la flambée des prix alimentaires et l’intensification des phénomènes climatologiques, provoquées en partie par le changement climatique, sont deux enjeux vitaux qui nous touchent directement – et qu’il faudrait peut-être s’y pencher un peu plus sérieusement.
En Europe, les citoyens élisent en mai leurs députés. La Grèce a pris la présidence tournante de l’Union européenne. La Lettonie vient de rejoindre la zone euro. L’extrême droite fait campagne contre l’Europe. Les restrictions au droit de travailler imposées aux ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie seront levées. Et nous, nous détournons le regard de l’impact que pourraient représenter ces changements chez cet important bailleur de fonds. Oui, nous regardons ailleurs.
Et nous ne regardons pas forcément vers nos voisins, les Indiens et les Sud-africains, qui vont élire leurs nouveaux représentants législatifs en avril et mai prochains, ou encore moins suivons-nous la situation toujours floue à Madagascar, avec les répercussions commerciales ou financières que cela comporte pour nous, petite économie insulaire, soumise aux vents de la mondialisation.
Certes nous regardons, peutêtre, vers le Brésil, mais davantage parce que c’est là-bas que se tiendra, en juin, la Coupe du Monde de football. Nos bookmakers se concentrent déjà sur leurs paris et nos leaders politiques se focalisent, eux, sur leurs petits partis, quand ce n’est pas sur leur petite personne.
Ainsi, le ministre des Finances de notre pays a boudé le travail cette semaine parce qu’on a fait un appel du pied à un membre de son écurie, alors qu’il n’avait pas vraiment réagi quand on a viré son secrétaire financier, à la veille du Budget. Furax, le propriétaire de l’écurie Duval a menacé de rejoindre le camp adverse, où deux vieux coursiers lui ouvraient les bras.
Du coup, l’année politique mauricienne s’est ouverte au son du clairon et des cocoricos (qui rappellent le carnaval de Sik Yuen à Flic-en-Flac) et tout le monde s’est pris de passion pour ces canassons. Les journalistes ont fait le pied de grue pour voir quel cheval rentrait dans le box du Trésor – surtout pour voir si le coq, qui a choisi le passage souterrain, allait s’afficher avec son ancien poulain, expulsé, qui court toujours, mais sans propriétaire pour l’instant.
Mais Duval ne savait pas qu’il allait énerver le fi ls (ou la belle-fille selon les mauvaises langues) d’un des vieux coursiers du Remake, à cause d’une histoire de hiérarchie sur le front bench. C’est pas vraiment comme le tirage au sortde la ligne des partants au MTC, c’est davantage à cause de l’identité ethnique des chevaux en lice pour la course. Ainsi l’alezan Duval aurait décalé le fi ls Jugnauth, qui aurait eu la 5e ligne au départ, après le fils Uteem, qui a une place garantie en raison de sa bonne étoile ou de la couleur de sa casaque.
En fait, nos petits partis font semblant de s’intéresser aux enjeux du monde. A l’instar de ce communiqué du bureau du Premier ministre, que tous les journalistes attendaient depuis vendredi soir, mais qui n’est tombé qu’hier après-midi, avec des mots qui ne sonnent pas authentiques: « Le vice-Premier ministre a fait ressortir qu’il n’a jamais exercé aucun chantage à l’égard du Premier ministre. Il a aussi donné l’assurance qu’il n’y a eu aucune rencontre entre lui et les dirigeants de l’opposition. » Heureusement qu’il y a, chez nous, le leader du Parti malin, au moins, lui, il est authentique, il ne fait pas semblant…
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