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He had a dream! What about (y)ours?
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He had a dream! What about (y)ours?
La politesse qui s’envole, des attitudes de moins en moins respectueuses de l’autorité, une société qui n’a plus beaucoup d’ancrage autour d’une élite respectée (sinon celle, plutôt crainte que respectée, du pouvoir et de l’argent), des jeunes qui quittent le toit familial plus tôt (même pour aller à l’université de Maurice…), une sexualité plus permissive (c’est maintenant qu’on la fait, notre deuxième révolution sexuelle, 40 ans après les Flower People !), un désir grandissant d’émigration, plus de tolérance envers les homosexuels, plus de voyeurisme et d’exhibitionnisme grâce à Facebook, Twitter, Youtube, moins de respect pour le mariage, des enfants à qui l’on conseille de ne pas retourner au pays, des institutions nationales qui se dégradent et qui se respectent de moins en moins, des lois qui s’appliquent peu, ou mal, ou de manière inéquitable, des « affaires » de plus en plus fréquentes couvrant des conflits d’intérêts, du « trianguage » (légal ou pas…), du mercantilisme, de la corruption, des passe-droits, des abus d’autorité… On réclame son « nirvana », c.-à-d. son « droit » à des augmentations importantes, sans contrepartie de productivité accrue (sauf pour la forme) et sans se soucier de qui va payer (pensez CNT !). Un work ethic qui ne s’améliore pas, miné par des activités plutôt improductives, des nominations basées sur des critères subjectifs et d’appartenance plutôt que sur le seul mérite (contrairement au « dream » de Martin Luther King !) et des instances de plus en plus fréquentes où l’employé abuse de sa position pour son avantage (vols dans les hôtels, policiers qui s’incrustent dans des « bizness », centrales d’achat où l’on se sucre, etc.). Même les enfants (qu’on n’a plus le droit de « corriger », qui ont une charte de droits et même un ministre en protection) semblent s’en sortir plus mal, à voir le nombre d’« abris » qui se montent et qui se révèlent quand même insuffisants ! Ajoutez à tout cela un système d’éducation toujours très encyclopédique et élitiste, des services publics pas toujours corrects, une télévision nationale qui reste monopole au service du gouvernement du jour, un système électoral, politique et constitutionnel bloqué depuis trop longtemps et le financement des partis politiques qui reste une des seules activités totalement occultes du pays, alors que nos dirigeants, sans ironie aucune, prescrivent la transparence à tous les autres ! La pauvreté ou la pollution, on s’en fout ou presque, malgré les beaux efforts de certains. Les crimes, les violences, les petitesses d’esprit, le non-respect des droits des autres, l’absence d’un esprit civique fort, la culture du palabre et de la désinformation, une démocratie sans profondeur (absence de Freedom of Information Act, presse boycottée), les débats, rares, qui se focalisent surtout sur la personne ; tout cela foisonne et conditionne le plan mental de la prochaine génération et constitue la base de notre nouvelle « culture » nationale.
À quoi mènera ce bouillon de changements de mind set, parfois profonds ; eux-mêmes adossés à une stagnation épouvantable sur certaines questions et une régression majeure sur d’autres piliers longtemps considérés essentiels pour le pays ? Difficile à prédire, mais de profondes mutations sont définitivement en progrès et l’ADN national se modifie chaque jour un peu plus pour engendrer une nation nouvelle. Sera-t-elle meilleure ? Quel « dream » avonsnous en conséquence ? En avons-nous seulement un ? La démocratisation de l’économie ou le MID auraient pu mobiliser toute la nation et ont été détournés. Ou dévoyés. Le mauricianisme est un otage des politiciens et de leurs rêves de pouvoir…
Quelques pistes à surveiller : notre société sera moins respectueuse de la hiérarchie et des principes et plus encline à soigner ses réseaux et ses intérêts personnels. On peut ainsi continuer à faire avancer le pays matériellement, mais cela risque d’être insuffisant à bien des égards. Malgré les éclats des passéistes, le Mauricien semble, dans son quotidien, bien moins prisonnier de clivages et de segmentation ethniques, 40 ans après l’indépendance, mais est-ce que le démon politique et le djinn socioculturel vont laisser cette évolution suivre son cours logique ? Le manque de discipline, l’esprit « triangueur » ou « marron », le manque de professionnalisme, les principes sacrifi és à l’autel du « réalisme » m’inquiètent au plus haut point et nous mèneront à une société plutôt chaotique, si ce n’est anarchique. D’autant que l’appareil de répression et de sanction glisse, glisse… Je m’inquiète pour l’investissement privé, pour la balance des comptes courants, pour la leptospirose, les rivières et les nappes phréatiques polluées, le lagon vidé de sa substance, les pesticides, l’éducation qui sclérose au lieu de doper les cervelles et l’imaginaire.
Notre société peut être, à ce stade, comparée à une marmite de couscous sur les feux. Si les ingrédients sont corrects et les dosages réussis, il peut en sortir un plat divin ! Mais la marmite peut tout aussi bien déborder ou, pire, produire un infect aggloméré sans tenue et sans goût, peutêtre même passablement brûlé, dépendant de ceux qui sont aux fourneaux.
À mon humble opinion, nous n’avons aucun rêve national, à part l’argent, le pouvoir et le béton !
Comme beaucoup d’autres Mauriciens, je suis très fier de Bagatelle et de la nouvelle aérogare. Mais au moment où nous ferons les comptes et devrons décider si notre société est meilleure, pour tous, ça va sûrement faire un peu court..
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