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Humeur combative

30 septembre 2010, 09:30

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Ce qui frappe le plus dans le discours prononcé hier par le ministre des Affaires étrangères devant l’assemblée générale des Nations unies à New York, c’est le ton. Arvin Boolell a été ferme et sans ménagement envers les Britanniques sur le dossier des Chagos. En particulier, ses propos ont été rudes et directs sur le soi-disant parc marin que les anciens maîtres coloniaux veulent créer autour de cet archipel qui ne leur appartient pas.

Le ministre a utilisé un langage de défi dont le pays peut-être fier. Jusqu’ici, Maurice s’est contentée, à chaque assemblée générale de l’ONU de délivrer un discours plus ou moins convenu en implorant les Britanniques de nous restituer le territoire excisé en 1965 lors des négociations menant à l’indépendance. Mais, c’est toujours en s’entourant de maintes précautions oratoires et en usant des moyens détournés que Maurice avait l’habitude de revendiquer ses droits. Arvin Boolell vient de rompre avec cette tradition de mollesse.

Le discours musclé du ministre des Affaires étrangères devrait secouer le gouvernement de David Cameron, dont la position sur les Chagos est encore plus rétrograde que celle qu’avait adoptée son prédécesseur. A l’ONU hier, Arvin Boolell a interpellé directement les Britanniques à plusieurs reprises. Il a parlé notamment, de «illegal excision» et de «unlawful occupation of the Chagos Archipelago» avant de s’insurger contre le «unilateral establishment of this marine protected area».

Le gouvernement a énoncé sa position sans ambivalence aucune : Maurice ne reconnaîtra pas cette zone marine que veulent créer les Britanniques. Pour le pays, il n’est pas possible de dissocier la création de ce parc marin de la souveraineté mauricienne sur l’archipel.

Reconnaître le parc marin, c’est renoncer à la souveraineté mauricienne sur les Chagos et compromettre le retour des Chagossiens dans leur archipel natal. Il est heureux que sur ce dossier, c’est d’une voix commune que majorité et opposition ont exhorté les Britanniques à abandonner leur stratégie. Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont tous deux évoqué, à plusieurs occasions dans le passé, le danger que représente la création de cette prétendue zone de protection maritime autour des Chagos.

Le rejet des Mauriciens transcende les frontières politiques car le petit jeu des Anglais est tellement grossier. Ce parc marin que la Grande-Bretagne veut créer sur l’ensemble de l’archipel des Chagos est un projet qui n’est pas dénué d’arrière-pensées. Il s’agit en fait d’un subterfuge pour refuser aux Chagossiens le droit du retour à leurs îles natales. Comment peut-on croire qu’un pays qui a permis à Diego d’être transformé en une zone polluée avec des déchets militaires et des missiles de croisière nucléaire puisse subitement développer une vocation écologique ?