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Ils bluffent comme ils respirent

18 septembre 2012, 07:19

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« Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent ! C’est pire ! » La phrase assassine du comique français Coluche n’a jamais cessé d’être d’actualité depuis qu’il l’a dite, il y a plus de 30 ans. Cette semaine encore, les politiques n’ont pas manqué de débiter leur lot de bluff.

Faisons mentir l’humoriste, dénonçons- les ! Prestidigitation économique. Kee Chong Lee Kwong Wing est un brillant économiste. Drôle et percutant, il trouve toujours la bonne formule – déclinée parfois en slam – pour exprimer sa pensée.

Sauf que Kee Chong est un économiste comme les autres. A ce titre, il souffre du syndrome Sithanen.

Cette pathologie connue amène les économistes habituellement brillants à surdramatiser la situation économique dès qu’ils se retrouvent dans les travées de l’opposition.

Kee Chong n’est ni sénile ni amnésique. Il est donc certain qu’il n’a pas oublié la défi nition de l’infl ation galopante. Habituellement caractérisée par un taux à deux chiffres ou une hausse des prix de l’ordre de 100% et plus sur des produits de grande consommation. Or Kee Chong a expliqué, avec bonhomie au Défi Plus , hier, que « les travailleurs au bas de l’échelle » seront « tondus par l’infl ation galopante. » Et dire que l’écrasante majorité des personnes interrogées dans le cadre du dernier Infl ation Expectations Survey de la Banque de Maurice pense que l’infl ation ne dépassera pas 6,5% durant les douze prochains mois. Pas besoin de le dire à Kee Chong.

Il le sait sans doute déjà ! Trahison idéologique. Ceux qui ont écouté Paul Bérenger sur Radio One ce mardi ont pris la mesure des années- lumière qui séparent le froid et calculateur leader du MMM de 2012 du jeune militant rempli d’idéaux du début des années 70. Méprisant, Bérenger fustige le manque de connaissances historiques de ceux qui veulent la fin du Best Loser System et ridiculise l’engagement de Rezistans ek Alternativ. Mais il omet d’avouer ce qui le pousse à vouloir l’impossible : maintenir le Best Loser System tout en supprimant la déclaration d’appartenance ethnique telle qu’elle est actuellement demandée lors du dépôt de candidature pour les élections générales.

Le leader du MMM continue envers et contre tout à pratiquer et défendre un clientélisme ethnico- électoraliste inadmissible. Arvin Boolell, Nita Deerpalsing et Shakeel Mohamed prouvent ces derniers temps que la pensée unique ne sévit pas tant que ça au Parti travailliste. Les responsables en vue du MMM – dont certains sont connus pour leur progressisme – peuvent- ils en dire de même ? Ils ne pourront le prouver qu’en brisant le silence et en prenant à contre- pied leur leader.

A moins qu’ils ne se conçoivent plus comme les collaborateurs de Bérenger. Mais plutôt comme sa bande de laquais.

Subterfuge sémantique. A croire Pravind Jugnauth et Paul Bérenger, il n’y a rien à conclure du fait que les deux partenaires du « remake de 2000 » ont choisi de faire conférence- de- presseà- part hier. Le leader du MSM aura beau vouloir justifi er sa prestation solo comme étant parfaitement normale, on a du mal à le croire. En effet, depuis la conclusion du « remake » en avril dernier, les deux partis ont fonctionné selon un schéma de communication bien huilé. Quand les deux partenaires rencontrent la presse séparément, le MSM le fait le vendredi et le MMM le samedi.

Ce modus vivendi , d’habitude strictement respecté, n’a été interrompu que durant la « coolingoff period » demandée par Bérenger suite à la reprise de ses sessions de koz koze avec Ramgoolam en juillet. Pourquoi donc rompre maintenant avec l’ordre établi ? Pour marquer la divergence des deux leaders sur le maintien tel quel ou réaménagé du BLS ? Nous ne le croyons pas. La vérité est sans doute ailleurs.

Bérenger, qui était au courant depuis quelque temps déjà des ennuis de santé de son ami Navin, a- t- il pu appeler ce dernier pendant sa convalescence à Londres ? Ont- ils pu échanger sur autre chose que l’état de santé du Premier ministre ? Cela a- t- il pu être porté à la connaissance du MSM ? Plus prosaïquement, se pourrait- il que les deux partenaires soient arrivés à la douloureuse conclusion que, malgré les efforts mutuels, le « remake de 2000 » a du mal à s’imposer dans le pays ? Se l’avouer, ce serait renoncer à bluffer.