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Imaginons une île sans lauréat

6 février 2009, 18:17

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L’île Maurice avec ses fantasmes m’inquiète.

Dans la course de la vie, il y a un moment qui est fatidique. C’est celui où il faut atteindre la ligne d’arrivée. A Maurice, chaque parent, l’Etat, les institutions… bref pratiquement tout le monde n’a qu’une obsession. Etre le meilleur. Certes, il le faut bien pour survivre dans un monde impitoyable. Mais je ne comprends qu’on puisse transférer autant de pression sur nos enfants, sur notre jeunesse.

Les adultes et les institutions de ce pays ont un sérieux problème. Ils ne cessent de dénoncer. Et ils sont d’éternels complices de ce qu’ils dénoncent. Ils ont fait des enfants des adeptes du bachotage. Les parents ont transféré tous leurs fantasmes et ambitions sur leurs progénitures. Ce que j’ai raté, ce que je n’ai pas eu, ce que j’aurais pu faire… Eh bien, ce sont aux enfants de les accomplir. Quelle lâcheté!

N’oublions pas l’essentiel. Il faut démontrer aux membres de la famille, aux voisins et à la société en général que, chez nous, germent les graines de la réussite!

C’est la fête aux lauréats ce 6 février. Ils étaient 29 heureux à Maurice et 2 à Rodrigues. Le rapport d’inadéquation avec ceux qui sont restés dans l’ombre raconte la même histoire d’une discrimination, d’une humiliation et d’une frustration profonde au sein d’une majorité de nos jeunes.

Alors qu’on célèbre les quelques «élus», il y a d’autres milliers de jeunes qui ont fini de se dire que, de jour de gloire, ils ne connaîtront jamais de leur vie. Ils vont devoir se battre autrement. Mais déjà, ils ont intériorisé la première règle sacrée de la société mauricienne: il faut apprendre à souffrir en silence.

 Mais, dans le fond, même nos lauréats ne seront que stars d’un jour. La société mauricienne est ainsi faite. Animée qu’elle est par des adultes qui n’ont qu’un souci: porter le patronyme aux fonts baptismaux. Une fois l’objectif atteint, allons voir si la communauté est bien représentée au sein de cette liste des lauréats. S’il n’y en a pas suffisamment, on pourra toujours compter sur les hérauts de la communauté pour dénoncer le malaise de la communauté.

C’est avec une telle société qu’on se prépare à affronter la société de l’information, de la technologie et de l’inventivité. Que reste-t-il à dire…