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Imbécillités

13 juin 2010, 08:05

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«Vous faites preuve d’une ridicule imbécillité. » Ce ne sont pas là les propos d’un de ces malotrus que l’on croise parfois « anba laboutik. » Mais bien les mots du Premier  ministre, Navin Ramgoolam. Ils m’ont été lancés hier, lors de sa conférence de presse dois l’avouer. Je ne suis nullement surpris. Ni par son agressivité et encore moins par son refus de répondre à mes interrogations. Car Ramgoolam déteste qu’on questionne ses actions. Habitué, qu’il est, à ne jamais devoir rendre des comptes.

Hier, il était question de principes. Deux d’entre eux – la liberté de la presse et le droit à l’information – ont été ouvertement bafoués. Par des ministres refusant l’accès à leur conférence de presse à certains journalistes ou plus globalement par l’administration publique. Le Premier ministre, en bon démocrate qu’il dit être, se devait donc de clarifier sa position et celle de son gouvernement au sujet de ces deux principes. Ma question était donc directe. «Est-ce qu’à un moment ou un autre, vous ou un de vos ministres avez donné des instructions pour interdire l’accès à des journalistes ou photographes aux fonctions de la l’Etat?»

Le Premier ministre choisit d’esquiver la question. Il fait de l’esprit. Pour lui, le fait que j’aie été invité à sa conférence de presse indique qu’il n’y a pas boycott. J’insiste. Je réclame une réponse en lui opposant des faits. Navin Ramgoolam qui a truffé son allocution d’attaques contre le rédacteur en chef de l’express, Raj Meetarbhan, s’en prend maintenant à moi. Voilà qu’il me dit que je n’ai « pas à (lui) poser des questions ». Il poursuit dans l’insulte quand je refuse d’obtempérer. « Etes-vous suffisamment intelligent ? » lance-til. Avant de justifier son silence par le fait que la Cour suprême tranche en ce moment un litige qui oppose la Sentinelle et l’Etat sur cette question.

Les propos offensants du Premier ministre ne m’empêchent pas de pointer les  incohérences issues des rangs du Parti travailliste.

Vraisemblablement, Ramgoolam ignore que la directrice de communication de son parti, Nita Deerpalsing, a confi rmé le boycott. C’était lundi, lors d’un entretien qu’elle m’a accordé sur Radio One. Mis devant ces faits, le Premier ministre se dresse encore une fois sur ses ergots. « Vous dites tellement de faussetés », assène-t-il en refusant ma  proposition de lui faire écouter les propos de Nita Deerpalsing.

Navin Ramgoolam n’en a pas encore fi ni avec la Sentinelle. Profitant d’une question du Mauricien, il rebondit et contre-attaque. Cette fois, c’est Jean-Claude de l’Estrac, le président du groupe de presse de Riche-Terre que vise le Premier ministre. Il l’accuse d’être « descendu dans l’arène politique » et trouve normal que ce dernier et son entreprise prennent donc des coups.

À ce moment-là, Navin Ramgoolam escamote la vérité. Car il n’avoue pas qu’il avait lui-même suggéré à de l’Estrac de jauger l’intérêt de Paul Bérenger pour une alliance avec le Parti travailliste. Et qu’il a ensuite régulièrement discuté avec de l’Estrac de l’opportunité d’un tel accord. Je choisis encore une fois, de remettre le Premier ministre devant ses incohérences. Mais vraisemblablement cela l’irrite au plus haut point. Sa réplique est cinglante : « Ou pena lespri ? »

Le seuil de tolérance est atteint. Je dis clairement au Premier ministre que je ne suis pas venu à sa conférence de presse pour me faire insulter. Cela n’a pas le mérite de le ramener à la raison. Les invectives reprennent de plus belle. « Vous faites preuve d’une ridicule imbécillité », dit-il en prétextant qu’il n’a pas besoin de Jean Claude de l’Estrac pour parler au MMM. Certes. Mais il n’empêche que ce dernier a participé « à la réflexion » des leaders rouges et mauves au moment où ils pensaient sérieusement s’allier. C’est la vérité. Que nie pourtant Ramgoolam au moment où je choisis de quitter la salle de conférence du Prime minister’s office.