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Imperméable

A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, redisons-le : nous risquons d’avoir de plus en plus soif. Les chiffres mis en exergue dans l’article figurant en Une de l’express iD témoignent tant du défi que de l’urgence auxquels nous faisons face. «Maurice devrait connaître une pénurie d’eau d’ici 2020», lit-on dans le dossier Perspectives économiques en Afrique consacré à Maurice et édité par la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) en 2007.
Nous voilà donc prévenus. Imaginez donc ce que risque d’être notre quotidien si le simple fait d’être en «stress hydrique» conduit à tant de coupures ? La pénurie devrait porter bien plus sur les nerfs. Alors, pour contenir le mécontentement populaire, on annonce la construction de réservoirs additionnels. Soit. Mais ces ressources supplémentaires suffiront-elles à répondre aux besoins croissants de la population, de l’agriculture, de l’industrie ?
Le grignotage continuel des zones bâties au détriment des champs, qu’ils soient de canne, de fruits ou de légumes, a un impact plus grave sur nos ressources en eau que l’irrigation. Car même si l’agriculture reste le principal consommateur d’eau, c’est bien la mauvaise gestion des terres qui nous conduit au désastre – tant au niveau national qu’à l’échelle d’une maison où, dans les quartiers densément peuplés, les cours sont bétonnées si bien que les drains, souvent bouchés, doivent à eux seuls évacuer l’eau de ruissellement.
Les pluies sont notre seule ressource en eau. Suffisamment arrosée, surtout sur le plateau central et le quart sud-est (plus de 3 500mm/an pour une moyenne totale annuelle de 2 400mm), l’île ne devrait pas manquer d’eau. Mais à force d’imperméabiliser ces zones, à force d’augmenter la pression de la demande, ces eaux se perdent bêtement dans le lagon.
Des mesures portées par les pouvoirs publics auraient pu aider à mieux gérer les terres, aux fonctions environnementales essentielles, ainsi que la ressource en eau : par exemple, subventionner des techniques d’irrigation parcimonieuse, relancer un programme de collecte d’eau de pluie ou contraindre les collectivités à maintenir une ceinture verte. En fait, les hautes sphères ont galvaudé la notion de développement durable, si bien que ce serait aux citoyens de la faire vivre.
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