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Incidents diplomatiques
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Incidents diplomatiques

Un air de déjà- vu, le budget de Pravind Jugnauth ? Allons… Il n’y a pas de mal à maintenir les politiques qui marchent, quitte à les vendre comme des idées neuves. Les plus vieilles formules sont les plus sûres. La Diplomatie Economique, par exemple, désignée priorité des priorités. Cela fait quarante ans que les Amis de Maurice sont le moteur du développement ; par la force des choses, nous étions « globalisés » avant même que le mot ne soit à la mode.
Alors, rebelote, ça devrait marcher.
Notre habileté en matière de diplomatie a certes fait recette.
Pour autant, dans un monde plus interdépendant qu’hier, peut- on se reposer, confi ants, sur nos réseaux ? Alors que la crise frappe ici et là, que tous lorgnent les mamelles de l’Asie, ne faut- il pas une grande remise à plat de nos méthodes et de nos moyens pour mieux pénétrer la Chine et l’Inde ? Des retouches s’imposent assurément à notre approche.
Peut- être est- ce utile de rappeler que si elle est donnée comme exemple, partout, c’est parce que cette diplomatie a été particulièrement intelligente et audacieuse. Qu’il s’agisse des gains retirés des accords de Lomé des années 70 ou des accords bilatéraux avec l’Inde et la Chine des années 80, nous ne les devons pas à nos liens coloniaux ou ethniques, mais bien à notre esprit d’innovation qui a su en tirer parti.
Un esprit qui va de pair avec une grande connaissance de nos partenaires, voilà la compétence qu’il faut. Face à la concurrence, elle doit être plus aiguisée que jamais. C’est le fait de professionnels. La loyauté au parti comme critère d’embauche des ambassadeurs, qui rime souvent avec médiocrité, n’est plus de saison.
L’autre faiblesse est le risque d’un manque de cohésion de nos structures. Le choix de combiner Affaires étrangères et Commerce extérieur en une seule entité a contribué à notre succès ; on peut faire mieux encore. L’économie étant désormais au coeur de la diplomatie, nos ambassades devraient avoir vocation première à vendre nos avantages et notre image, et à favoriser la connaissance des pays amis.
Dans cet ordre d’idées, il serait logique que le « Board of Investment » soit rattaché à ce ministère afi• d’imprégner le réseau diplomatique de ce nécessaire sens commercial et d’utiliser celui- ci de manière optimale.
Il n’est pas sûr que l’harmonisation des actions des ministères concernés par les relations extérieures soit parfaite. On peut s’étonner qu’au lendemain de l’annonce, par le ministre des Finances, de la décision de se détacher de l’Europe et de son marasme pour explorer davantage l’Asie et son potentiel, le ministre des Affaires étrangères choisisse de communiquer sur « les excellentes relations diplomatiques avec la Suisse, la Norvège et l’Islande » . Ce généreux espace que lui consacre l’organe de presse du Parti travailliste, c’est peut- être une tactique diplomatique pour rassurer les partenaires potentiels du Nord de l’Europe, qu’il ne faut certes pas négliger. C’est peut- être aussi une divergence sur les priorités, laquelle risque de diminuer la force de frappe.
Mais la plus grosse faille, c’est l’absence d’une réelle stratégie de marque- pays, ou plutôt notre méconnaissance de son importance. Toute diplomatie économique proactive ne peut réussir aujourd’hui sans « nation branding » . Elle demande une attention permanente à la manière dont le pays est perçu. Tous les pays s’y sont mis. Pour ceux en transition économique, c’est un « must » de mettre en valeur leurs atouts. Le Brésil, pour n’en citer qu’un, a créé au sein de son ministère des Affaires étrangères, une Unité spéciale dédiée à la gestion de son image. Et Maurice, invisible sur la carte du monde et sans ressources, face à la Chine qui ne va pas faire dans les sentiments ? Nation de « konn tou » , Maurice estime qu’elle peut « débrouille- débrouillé » .
S’inventant de pâles copies de stratégie qui trahissent la véritable identité nationale, elle méprise un slogan né d’une profonde réfl exion, que viennent de saluer les plus grands spécialistes du « branding » . Elle met au placard un excellent document de travail nous indiquant comment « envoyer au monde un message clair qui attirera compétences étrangères, touristes, partenaires commerciaux et investisseurs » ( extrait de la brochure d’Acanchi, Positionner Maurice sur l’échiquier mondial ). Inconsciente, elle révèle par là même au monde, un autre visage : celui d’un peuple de pense- petit et d’un gouvernement velléitaire.
Alors rebelote, même recette ? Le gouvernement doit aller plus loin que cette déclaration d’intention de réorientation vers l’Est. Nous n’avons pas affaire au même environnement.La diplomatie économique doit être réinventée.
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