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Inflation, le retour

12 janvier 2011, 12:01

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L’inflation vient de faire son grand retour. Et avec fracas. Selon le dernier relevé du «Central Statistics Office» (CSO), le taux d’inflation sur un an est ressorti à 6,1% en décembre dernier, alors qu’il n’était que de 3,9 % le mois précédent.

En un seul mois, les prix ont progressé de plus de 2 %. Il fallait s’y attendre. Car l’inflation en glissement annuel augmente, elle, pour le sixième mois consécutif et se situe désormais à 2,9 %. La hausse brutale de décembre est liée à une flambée des prix du tabac et des boissons alcoolisées.

On constate également des hausses importantes des prix immobiliers, de l’eau, de l’électricité, du gaz et des transports. Ces dérapages ne vont sans doute pas se répéter. Mais, les tensions inflationnistes ont, elles, toutes les chances de persister. En effet, la hausse des prix alimentaires, comme celui du sucre (+27 %), n’a pas encore été comptabilisée dans l’indice des prix à la consommation. Par ailleurs, on attend une augmentation des carburants dans les prochains jours.

Il y a quelques semaines, Rundheersing Bheenick, le gouverneur de la «Bank of Mauritius» (BoM), avait prévenu que l’inflation sur un an se situerait à 5,7 % à la fi n 2010 et grimperait ensuite à 7% en juin 2011. On est déjà au-dessus de 6 % et, selon nombre d’observateurs, la barre des 7 % sera atteinte dès février. Au passage, le gouverneur avait indiqué que la banque centrale prendrait des mesures appropriées si la résurgence de l’inflation devait prendre de l’ampleur.

En clair, l’institut d’émission est prêt à relever les taux d’intérêt pour contrer tout dérapage des prix. Reste maintenant à savoir quand ce relèvement du loyer de l’argent va intervenir. En septembre dernier, lors de l’abaissement de 100 points de base du taux repo (de 5,75 % à 4,75 %), Manou Bheenick avait clairement laissé entendre qu’il ne toucherait pas aux taux d’intervention de la banque centrale pendant deux trimestres. Ce qui nous amène en mars, mois au cours duquel doit justement se tenir la prochaine réunion du comité de politique monétaire de la BoM.

Dans leur grande majorité, les professionnels estiment qu’une hausse des taux est inéluctable. Mais certains ne tablent pas sur un tour de vis monétaire dès le mois de mars, car cela risquerait d’enrayer la croissance. Une croissance qui, au mieux, devrait se révéler équivalente à celle de 2010. Le relèvement du loyer de l’argent interviendrait donc plutôt en juin, afin de laisser le temps aux responsables de la politique monétaire d’évaluer la situation.

Ce tour de vis monétaire ne devrait pas être sans conséquences. Il devrait d’abord entraîner un durcissement des conditions de crédit. Rien de bien réjouissant pour les petites et moyennes entreprises, qui arrivent déjà difficilement à emprunter. Bonne nouvelle en revanche pour les épargnants : la rémunération des dépôts bancaires devrait suivre le relèvement des taux de la BoM. Pour les ménages qui souhaitent emprunter, il serait sage de précipiter quelque peu la décision de souscrire un prêt afin de profiter de niveaux de taux historiquement bas.

Pierrick PEDEL