Publicité

Innommables nominés

13 novembre 2009, 18:13

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Dans le modèle économique que nous nous retrouvons, l’Etat devrait jouer le rôle d’arbitre. S’il est vrai que ces derniers mois, avec la crise financière mondiale, il a fallu à l’Etat de faire preuve d’interventionnisme, le temps ne serait-il pas venu de se débarrasser désormais de son rôle de producteur?

Dans l’idéal, il faudrait répondre par l’affirmatif. Mais avant d’en arriver là, ne faudrait-il pas également que l’Etat règle certaines anomalies? Dans le modèle de marché que nous avons adopté, il y a un principe cardinal à respecter. C’est celui de la prédominance des institutions intermédiaires. Le marché n’est efficace que si des règles sont respectées.

On a pu voir, ces derniers temps, quel que soit le gouvernement en place, une politique générale économique qui repose sur l’entreprenariat, sur le sens de l’initiative, sur la prise de risques et sur le désir d’enlever les barrières…

Mais pour que cette dynamique triomphe, des conditions auraient dû être réunies. Notamment que ces institutions intermédiaires jouent pleinement leurs rôles. Toutefois, lorsqu’on ne cesse de caser des nominés politiques partout, on ne peut s’attendre à grand-chose. Or, ces institutions sont appelées à prendre des décisions qui ont valeur de jurisprudence. Elles ont besoin de compétences mi-administratives, mi-judiciaires… Nos nominés ont-ils ces qualités?

Quel que soit le gouvernement en place, on nous assure que ces hommes ont, à la fois, les compétences et la fidélité nécessaire au parti pour occuper ces fonctions. On sait ce qu’il en est souvent…

Aujourd’hui, que ce soit au niveau de l’Etat ou des institutions intermédiaires, il existe une dichotomie profonde. Face aux uns qui jouent le jeu du libéralisme économique s’érigent ces autres qui n’ont qu’un souci: montrer l’arbitraire d’une aristocratie classique.

C’est dans ce contexte qu’on a fait de l’entrepreneur un héros des temps modernes. Pour l’aider à émerger, de nombreux relais ont été créés. Mais une vois de plus, ce sont des nominés politiques qui ont été placés à la tête de ces structures. Tenant en compte la complexité des problèmes, on se demande comment ils pourront assurer des interventions avisés et éclairés.

C’est dans ce système que sont appelés à évoluer nos nominés. Ils illustrent une ambition que l’Etat n’a pas les moyens de réaliser. A Maurice, en effet, l’Etat n’a jamais avoué ses incompétences dans bien des domaines. D’où jusqu’ici, une évolution davantage subie que réfléchie…

 

Nazim Esoof

n.esoof@lexpress.mu