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Intuition
Navin Ramgoolam est convaincu qu’il a le talent d’une pensée intuitive. Si, comme les oracles de l’Antiquité, il possédait effectivement des capacités prédictives, le pays devrait s’en réjouir. Mais certaines décisions prises par son gouvernement créent des doutes sur ses prétentions divinatoires.
C’est à Mare-d’Albert, mercredi dernier, que le Premier ministre a révélé qu’il détient les clés du futur. Il a même relaté une anecdote personnelle de sa jeunesse pour prouver qu’il peut apporter la parole prophétique. S’il ne faisait pas de la politique, a-t-il ajouté, il aurait été s’asseoir sur une montagne pour développer ses intuitions.
Cependant, même si on lui reconnaît un flair politique exceptionnel, il semble que le futur lui a joué quelques méchants tours, notamment sur deux dossiers de la politique financière. Dans les deux cas, l’ancien gouvernement, dirigé par Navin Ramgoolam, n’a pas vu juste. D’abord, l’affaire du «hedging» commis par la STC, alors dirigée par Ranjit Soomaroah. L’organisme a parié sur une hausse de l’essence et s’est engagé à payer $161 le baril peu avant que le cours mondial ne dégringole. Cela a entraîné des pertes d’environ Rs 5 milliards pour le pays.
«Avez-vous demandé à Soomaroah comment cette décision a été prise ?» a voulu savoir, samedi dernier, notre journaliste Deepa Bhookhun de Mahen Gowressoo, ancien ministre du Commerce.
Il répond, avec sa candeur habituelle : «Il m’a dit que le conseil d’administration de la STC a pris la décision de ‘hedge’ puisque à cette époque, les prix montaient dangereusement. Et que le Premier ministre aussi avait dit que le pétrole allait coûter $200 dans ses discours...»
Il en est de même pour les réserves du pays. En octobre 2008, Vishnu Lutchmeenaraidoo, propose au gouvernement de placer 50 % des réserves dans les lingots d’or pour se prémunir contre les effets de la crise financière. S’il avait été écouté, le pays aurait réalisé des bénéfi ces de plusieurs dizaines de milliards de roupies.
Certes, aucun gouvernement ne pouvait prévoir, en 2008, les aléas du marché. Il n’en reste pas moins qu’à chaque fois où il fallait parier sur les événements, la chance n’a pas été de notre côté.
Vivement, développons notre intuition.
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