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Jouer à l’autruche
Le Premier ministre veut faire croire que le taux de criminalité a baissé dans le pays. Il s’appuie sur des statistiques officielles pour étayer la thèse d’une société devenue plus paisible. Mais il se garde bien de dire ce que les services d’Etat entendent par criminalité. Il ne révèle pas la définition qui est utilisée pour établir les tableaux de Statistics Mauritius. En tout cas, beaucoup d’entre nous se sont souvenus, à la lecture des propos de Navin Ramgoolam, que l’on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres.
La vérité implacable des faits cités par les mêmes services publics est bien moins rassurante. Les chiffres de Statistics Mauritius montrent que le nombre de cas d’homicides s’est envolé l’année dernière. Il est passé de 108 à 128 en un an. Dans 49 cas, les assaillants avaient prémédité l’acte. Le document indique que le nombre d’homicides pour 100 000 habitants est de 9,9 à Maurice. Par comparaison, il s’élève à 8,1 à Madagascar et à 0,7 en Suisse. Nous sommes plus proches de la moyenne africaine que de celle des pays développés. Face à une telle situation, il faut être habile dans la manipulation des chiffres pour arriver à présenter une perspective optimiste de la situation sécuritaire.
Le constat fait par le bureau des statistiques sur la violence sexuelle à l’égard des mineurs est tout autant inquiétant. Le nombre de délits à caractère sexuel commis en infraction avec la Child Protection Act est en hausse. Ces délits sont défi nis, dans le texte de loi, comme «causing child to be sexually abused, accessing to a brothel and engaging in prostitution ». De plus, le nombre de personnes poursuivies pour relations avec mineurs est passé de 16 à 59 en un an, note le rapport.
Le document fait état également de la délinquance des adolescents. Ce phénomène prend une ampleur considérable. Le taux de la délinquance juvénile a grimpé de 5,8 à 6,7 pour 1 000 habitants. En vérité, ce chiffre ne fait que confirmer ce qu’une autre institution publique, le National Economic and Social Council (NESC), avait exposé en novembre dernier. Dans un rapport sur la violence en milieu scolaire, le NESC rapportait que, pour beaucoup, la situation concernant la violence et l’indiscipline à l’école est sérieusement préoccupante et que « if left unaddressed, the situation is likely to worsen ».
S’il n’avait pas une obligation de retenue en tant qu’agence de l’Etat, le Conseil aurait pu avoir dit aux dirigeants qu’il est temps d’arrêter de jouer à l’autruche.
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