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L’alibi de Genève

6 septembre 2012, 08:15

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Si la construction d’une nation est un rêve fait de briques et de mortier, alors la victoire obtenue par le mouvement Rezistans ek Alternativ devant le comité des droits de l’Homme des Nations unies est une brique qui nous rapproche de notre objectif.

Que cette instance ait pour attribution de donner un simple avis ou, au contraire, de donner des directives, sa décision nous forcera à avancer dans la voie de «nation-building». Car ce comité qui émane de l’ONU dispose d’une véritable autorité morale et est très respecté. Les dirigeants mauriciens ne pourront ignorer la décision que ce comité a rendue mardi soir, sous peine de se décrédibiliser aux yeux de la communauté internationale.

Ce qui est en jeu c’est la reconnaissance par la Constitution des identités ethniques diverses.

Beaucoup de Mauriciens pensent que le premier coup de pioche au mur qui fragmente le pays sera donné quand la référence aux groupes ethniques sera éliminée de la Constitution.

La loi fondamentale d’un pays véhicule des symboles forts. Ainsi, il est naturel que l’entreprise de destruction des cloisons de la division commence par une révision de la Constitution. Elle doit exprimer une identité mauricienne et pas des identités séparées si l’on tient à créer une nation harmonieuse.

Bientôt, le pays aura 50 ans. Allons-nous maintenir dans notre Constitution, alors que la nation a vécu un demi-siècle déjà, l’obligation de déclarer son appartenance ethnique pour faire acte de candidature à une élection ? Pire, conserverons-nous cette aberrante définition des groupes ethniques :

“For the purposes of this Schedule, the population of Mauritius shall be regarded as including a Hindu community, a Muslim community and a Sino-Mauritian community; and every person who does not appear, from his way of life, to belong to one or other of those 3 communities shall be regarded as belonging to the General Population, which shall itself be regarded as a fourth community.”

La décision du comité des droits de l’Homme va sans doute servir de catalyseur pour que ce germe de la division soit effacé avant 2018. Les politiciens qui ont hésité à franchir le Rubicon, craignant des conséquences électoralistes savent désormais qu’ils peuvent invoquer l’alibi de Genève.


 

Raj MEETARBHAN